Bon ok, c'est vachement bien. Et pourtant, je vous jure, vous me saoulez avec vos films glauques qui ne peuvent pas s'empêcher d'aller aux plus bas instincts pour réveiller quelques sentiments forts, tout aussi désagréable que Old boy de ce côté là mais The chaser est autrement plus défendable aussi. On est toujours sur le fil du rasoir du justifiable mais tout est finement contrebalancé sans cesse par un contrepoint, une petite scène qui s'insère, un décalage sur le contexte social, qui cautionne tout de même beaucoup de désespérance, et surtout un humour noir et fin particulièrement salvateur. La toute petite scène où KIM Yun-Seok croise le Maire est sublimement placée par exemple. La fin est vraiment super bien gérée aussi malgré ce foutu age dans la tabatière où j'ai vraiment cru que le jeune Na Hong-Jin (mon dieu, un nouveau réalisateur coréen...) avait juste envie de faire joujou avec nos nerfs sans autre justification que de renverser la vapeur pour la énième fois du film.
Alors certes, il y a bien tout ce que je déteste dans ce genre d'entourloupe où "Ah pas de bol, tu vas souffrir.", mais Na Hong-Jin est tout de même un excellent funambule.
Mais le plus important pour moi, c'est d'avoir revu Memories of murder juste avant pour bien comprendre que non, Bong Joon Ho n'est pas un ersatz de Park Chan Wook mais bel et bien un réalisateur d'une nouvelle vague qui a les crocs et un peu plus de propos à communiquer. Aveuglé sans doute par le trop plein de daubes sud-coréennes avalées jusqu'en 2005, à commencer par l'infâme 2009 lost memories, pas super pour une entrée en matière je vous le garantis, j'avais nonchalamment avalé Memories of murder et The Host y retrouvant la même façon fatigante de pousser au plus glauque pour rien subie dans la trilogie de la vengeance de Park Chan Wook. Il m'aura fallu presque 10 ans pour y revenir... Mais Memories of murder valait vraiment le coup d'être revu calmement, lavé de toutes ces daubes infâmes qui l'entouraient. Il a la décence de dissimuler habilement la violence en questionnant le spectateur sur son envie de prendre part au récit. Le résultat est autrement plus porteur que Old Boy qui lui a tué mon envie de voir du coréen pendant longtemps. Oui promis, j'arrête avec Old Boy...
The Chaser est pile dans cette lignée où les émotions primales du spectateur sont interrogées pour mieux approfondir et ressentir les personnages. La mise en scène super classe aide parfaitement, sans artifice ni exagérations pompeuses, à vivre cette chasse à l'homme où personne ne se croise jamais quand il faut. Enfin si, quand il faut mais pas comme il faut, c'est tout le propos justement. Clairement je m'incline ce qui augure d'autres découvertes je suppose, parce que lorsque ça parvient à ne pas être juste désagréable mais aussi intéressant et prenant, on y prend tout de suite goût. Comme un prolongement de "L'ime" avec des pointes du "Silence des agneaux"... Bonne grosse claque donc, avec des acteurs qui déboitent.
Mais attention, je reste vigilant. Gare à celui qui balance du glauque gratuit pour faire joujou.