The Barber - L'Homme qui n'était pas là par Charles Dubois

Tout cela commence comme un Scorsese.
Voix off.
Acteurs virils à grosses voix et grandes gueules.
Italo-Americains.
Noir et Blanc léché.
Humour corrosif, teinté d'une simplicité fondamentale et d'une douceur inespérée.
Et tout cela devient petit à petit du Coen. Autant dire que le mélange a de quoi fonctionner.
The Barber c'est Billy Bob Thornton. Le mec habite son perso. Cet acteur, qui fait partie de ce genre d'acteurs dont on ne connait jamais ni le nom ni la filmographie mais dont on dit pourtant "Putain j'adore sa gueule !", est vraiment un acteur dont on dit "Putain j'adore sa gueule !". Bien trop rare sur le devant de la scène, il trouve pourtant ici un rôle magnifique, tout en imibilité et silences. On se questionne : simple ? taiseux ? attardé ? Personnage des frères Coen, il est l'homme qui n'était pas là en question.
Celui qui, en tentant simplement de suivre un rêve, le transforme en cauchemar. Celui qui, pour une simple histoire d'argent, fout tout autour de lui en l'air.
Portrait désespérant d'un type adorable qui ne souhaite que bien faire mais qui au final rate tout ce qu'il entreprend, The Barber est une véritable pépite.
Techniquement, le film est impeccable. Brillament filmé, mis en scène, interprété, le tout souligné irablement par la puissante musique de Carter Burwell, l'accolyte de toujours des frères Coen, qui apporte ici à ce film en magnifique noir et blanc quelques notes de Beethoven, jamais aussi bien utilisé depuis Orange Mécanique.
Comme tout bon Coen, l'ensemble est un labyrinthe de références, d'indices pour une explication toujours trop riche pour être comprise au premier visionnage.
Drôle, touchant, absurde, on ressort pourtant brassé par ce film, qui, dans son final, sait se faire problématique, métaphorique et très corrosif.