George Romero est décédé en 2017, mais un an après sa mort a été retrouvé un film inédit, "The amusement park", un moyen-métrage de 52mn qu’il avait tourné en 1973, et qui avait été finalisé, mais jamais sorti.
La première mondiale du film remonte au 12 octobre 2019, aux Etats-Unis, et c’est exactement un an plus tard, soit hier, que le film a été présenté dans une restauration 4K au Festival Lumière, à Lyon (Apparemment la première projection publique ? Les autres se seraient déroulées en cercle fermé).
En revanche, il faudra attendre encore un an avant une sortie vidéo.
"The amusement park" a été commandé à son réalisateur par un groupe de Luthériens, avec pour but de sensibiliser le public à la détresse des personnes âgées. Au vu du résultat, qui flirte plusieurs fois avec l’horreur et le surréalisme, les commanditaires ont renoncé à sortir le film. Ce n’est pas exactement ce qu’ils attendaient.
On y suit un homme âgé, qui se rend avec d’autres séniors dans un parc d’attraction, où ils vont subir une accumulation de signes de mépris et de maltraitances de toutes sortes (physiques ou verbales) de la part des forains et des autres visiteurs.
Cette simple phrase résume la quasi-intégralité des évènements du film, qui nous présente ces situations comme s’il s’agissait de métaphores, alors qu’elles sont représentées telles quelles, et simplement transposées dans un contexte inhabituel, celui du parc d’attraction.
On voit ainsi un vieil homme rater un test occulaire, notre héros se faire tabasser par des loubards, ou se faire snobber par un serveur au profit d’un client plus fortuné.
Sauf qu’au lieu de se dérouler chez un ophtalmo, dans la rue, ou dans un restaurant, ces situations se déroulent dans les allées d’un parc d’attraction. Et ça va rarement plus loin que ça.
Un an avant, Romero avait fait "Season of the witch", qui était déjà aux antipodes de la subtilité dans son symbolisme, malgré toutes ses bonnes intentions.
Quant à la forme de "The amusement park", elle est très brute, le montage est parfois chaotique et les faux-raccords sont nombreux. C’est excusable pour les plans sur le protagoniste au milieu de la foule, où l’on remarque, à chaque coupe, que les gens autour de lui ne sont plus les mêmes, mais ça e moins quand il s’agit de raccords dans l’axe sur l’acteur censé nous parler en continu, face à la caméra.
Je me demande si Romero était totalement impliqué dans ce projet, ou s’il l'a bâclé.
Il faut quand même retenir du film le désespoir qui s’en dégage et qui finit par gagner le spectateur, et cette conclusion plombante, qui m’a rappelé l’esprit des fins de segments de Creepshow.
"The amusement park" est aussi intéressant au vu du reste de la filmographie du réalisateur ; il a régulièrement glissé un propos dans ses œuvres, et ici les considérations sociales sont revendiquées on ne peut plus ouvertement.
Je suis ravi que des films perdus refassent surface comme ça, mais heureusement quand même que, par la suite, George Romero a su faire er ses messages avec plus de finesse.