Testament
6.6
Testament

Film de Denys Arcand (2023)

Finalement moins excessif que la réalité elle-même

Les films clivants ont ceci de bien qu’ils suscitent le débat, exercice toujours rafraichissant. Alors bien sûr, Testament ne fait pas dans la dentelle et il est facile de le lui reprocher. En même temps, il est encore plus facile d’objecter que ce n’est pas tant le film qui est caricatural que la réalité elle-même. Plutôt que d’ de la facilité disqualifiante que consiste à taxer le film d’extrémiste au risque d’atteindre limite un nouveau point Godwin, il suffit de regarder la réalité actuelle et de prendre un peu de recul…

Après avoir encensé le structuralisme des années 60 sous l’appellation de French theory, nos « amis » américains nous le renvoient en pleine face soixante ans plus tard, mal digéré et mal compris, sous l’appellation de wokisme. Et l’Europe, naguère moteur d’idées, semble avoir perdu toute velléité à réfléchir et est toute fière aujourd’hui de reprendre à son compte des débats de société nord-américains qui relèvent de la psychiatrie. Elle accueille à bras ouverts une idéologie poussiéreuse, updatée selon les modes actuelles, comme un progrès social. Dans une société post-moderne où le débat public se résume au pathos et où le logos est parent pauvre, on peut bien défendre tout et n’importe quoi…

La médiocrité des débats publics actuels fait que le wokisme a une autoroute toute tracée devant lui. Aussi, il est salvateur de voir la dénonciation de ce même wokisme venir du continent nord-américain lui-même... Et il faudra bien dix ans avant qu’une production française ose s’aventurer sur ce terrain-là, de peur de s’attirer les foudres des "progressistes" européens. Rien que pour ça, Testament vaut (très) largement le détour.

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le 29 mars 2024

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Felix-the-cat

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