Si le besoin de faire dialoguer des mondes qui ne se fréquentent pas, ne se respectent pas, voire se craignent franchement pour aucune bonne raison, est une intention louable, il n'en reste pas moins qu'un peu d'originalité dans le scénario ne pourrait pas faire de mal. Franchement, si on demandait à ChatGPT de goupiller une trame sur l'attrait honteux que l'opéra pourrait exercer sur un jeune chanteur de rap un peu en galère, j'imagine qu'il pourrait pondre à la virgule près cette histoire de livreur de sushsi pris en affection par une prof de chant à l'Opéra de Paris... Évidemment, la prof en question traverse une épreuve personnelle qui la pousse à faire fi des convenances de son milieu, et le livreur de sushi a un peu fait le tour de l'horizon que le déterminisme social lui propose. Évidemment encore, il va être accueilli comme un chien dans un jeu de quilles par ses pairs chanteurs, tous ultra-bourges, il va sans dire, tandis que ses amis de banlieue ne sauront pas reconnaître en lui une véritable vocation... jusqu'à ce que ? Eh bien, jusqu'à l'inévitable crise (réduite à un feu de paille) qui va mettre tout ce petit monde au pied du mur et renverser les abondants clichés pour les remplacer par d'autres. Genre : la jolie petite soprano qui s'intéresse au banlieusard est une petite fille pourrie limite nympho qui s'encanaille à peu de frais, tandis que la nana de la cité qui veut s'engager dans l'armée ou la police, 'me souviens plus, nourrit pour le héros une affection véritable qu'il est trop benêt pour reconnaître. Tout est à l'avenant. Un parcours balisé, donc, à la Pretty Woman : on sait où on va dès la première scène. Mais allons-y quand même pour plusieurs raisons : les personnages sont plutôt réussis, et pas mal interprétés. Les bonnes intentions font toujours plus de profit que les histoires de maniaques qui dépècent des blondes innocentes. Et il n'y a pas de hiérarchie en matière de musique, ça ne fait pas de mal de le rabâcher. Pour le reste, on peut se laisser porter par ce Cendrillon au masculin sans se faire de nœud au cerveau, c'est les vacances, on mérite bien une petite niaiserie de temps à autre...