Les films de studio ont mauvaise réputation. Souvent celle-ci est méritée car ils ne sont que des produits sans âme qui ne prennent aucun risque et assomment le spectateur de platitudes sans conséquence dans le meilleur des cas, et de douloureuses inepties dans le pire. Or de temps à autres ( et les temps sont durs car putain, ça se fait rare... ) un de ces films est un véritable joyau, vendu comme un vulgaire Happy Meal et relevant pourtant du génie.
The Legend of Tarzan... N'est pas de ceux là.
Curieux à l'idée de voir le prochain film de David Yates, l'homme qui a réussi à pondre le Harry Potter le moins chiant, je m'engouffre dans la salle obscure pour me retrouver face à un mur opaque d'écriture bancale, de prises de décisions hasardeuses dans tous les domaines, où seule l'interprétation sans faille d'une poignée d'acteurs avec rien à défendre vient sauver l'ensemble du désastre artistique complet.
En le remontant sévèrement, et en changeant le titre pour "The Samuel L. Jackson Show" on pourrait avoir un super film. En l'état, on a affaire à ce qui convient d'appeler le pire montage de l'histoire du 7e Art. Rythme absolument niqué, flashbacks incessants intervenant au moment où on les désire le moins, et durée de l'intrigue jamais très claire ( le film s'ouvre en 1884 et se termine en 1890 alors que le périple semble avoir duré une dizaine de jours tout au plus... )
D'une manière générale, les dates et les scénaristes, ça fait deux. Car dans le même film on a Christoph Waltz qui semble se souvenir d'un Roi de comme si c'était hier alors qu'il n'y en a pas eu depuis près de 50 ans, et Samuel Jackson qui déplore les erreurs de sa "jeunesse" après la guerre de secession, il y a 20 ans à peine, quand il avait 47 ans... Folle jeunesse. Il indique aussi que c'était une honte, ce qu'on a fait aux indiens... Evénement totalement d'actualité ( le massacre de Wounded Knee a lieu justement en 1890. )
Et dans ce bordel incommensurable, les héros et vilains s'affrontent pour un oui ou pour un non, parfois même pour un "urgh urgh", sans qu'un seul instant on puisse être investi émotionnellement. La faute à une équipe qui de toute évidence n'en a pas grand chose à foutre.
Donc, perdu que je suis dans cet amas indigne, je cherche assez désespérément quelque chose à aimer. Et hormis la totale dévotion des acteurs, rien ne me vient. Les meilleures scènes du film sont celles qui n'appartiennent pas à la "narration" et laissent les acteurs maitres de la situation. La scène d'intimidation de Samuel L. Jackson dans le train est un pur chef d'œuvre de comédie fantasque. Quel dommage qu'elle intervienne dans un film aussi peu recommandable...