Pretty little spring breakers

Cette critique contient des spoilers non masqués


Deux jolies minettes de Disney accompagnées d'Ashley Benson et d'une inconnue au bataillon débarquent en Floride pour casser la baraque, goûter à la coke et se faire embobiner par un gangsta blanc incarné par un James Franco au summum de la gênance. Malheureux, l'arroseur sera arrosé pendant la scène de fin qui à mon sens rattrape heureusement le film, auquel je ne trouve pas énormément de qualités. Arrosé tout comme ces seins que le réalisateur ne peut pas s'empêcher de montrer toutes les 5 minutes, avec le râle de J. Franco en fond comme si le spectateur n'avait pas compris que spring break...! spring break forevah...!


Bon, vous l'aurez compris, je suis loin d'être fan de ce film que j'ai trouvé ridicule sur pas mal d'aspects... De nombreuses critiques mentionnent déjà sa beauferie, sa propension à vouloir absolument montrer que les bébés Disney sont désormais des grandes filles qui font des plans à 3 et fument la chicha, ou encore sa prétention et ses plans tantôt interminables tantôt inutilement lubriques, voire les 2. Et ces critiques critiquent bien mieux que moi, donc je ne reviendrai pas dessus.


Je ne reviendrai pas non plus sur la scène de fin: si j'ai trouvé le dernier plan excellent, notamment l'inversion de la perspective qui donne à montrer l'ambigüité de la position morale de ces deux jeunes femmes qui se sont enfoncées dans les ténèbres à jamais, que dire de l'idée que deux amatrices en bikini arrivent à abattre une dizaine de mecs dont c'est le métier, et ce sans jamais se prendre une seule balle? (d'ailleurs si vous vous concentrez y en a quelques uns qui se font abattre sans même qu'elles aient tiré dessus, c'est fort quand même).


En réalité, le visionnage de ce film ne fut pas un moment désagréable, c'était même intéressant, et quelques initiatives me semblent réussies: le travail sur la répétition (le comportement du mec joué par James Franco envers chaque fille qui révèle qu'il n'est qu'un pervers narcissique parmi d'autres, chaque fille s'en rendant compte successivement et reproduisant le départ de la précédente), la photographie, la bande originale et le montage son.


Mais cela ne rattrape pas la pauvreté du scénario et l'inintérêt de la plupart des personnages: celui de Vanessa Hugdens est inable et n'est qu'un cliché que j'irais jusqu'à qualifier de misogyne ; celui de Selena Gomez est mou, stéréotypé, et je pense qu'on a assez vu et revu la dichotomie brune/blonde pour être lassé d'une énième allusion sexiste qui se voudrait symbolique mais n'est qu'inintéressante. Seul le personnage joué par Benson me semble intéressant, l'actrice parvenant à lui donner assez de profondeur avec son jeu-même, bien que le réalisateur ne lui en accorde pas.


Car Spring Breakers, c'est 1h33 de superficialité ; c'est 1h33 hors sol et hors du temps, matérialisant cet état d'absence permanent de ces jeunes étudiantes avides de sensations. C'est le reflet du caractère profondément creux de cette période typiquement états-unienne, cette période où chacun s'oublie, croyant se trouver. Là se trouve peut-être la pertinence du personnage joué par Selena Gomez (décidémment, même son prénom apparemment si symbolique m'a échappé, comme quoi), qui naïve comme tout, forte de son visage angélique, ne comprend pas que le Spring Break est le dernier endroit pour se développer personnellement et rencontrer sa destinée. Du coup elle rentre chez maman, non sans chouiner 18 fois auprès de ses blondes de copines qui en ont rien à faire, matrixées qu'elles sont par ce beau-gosse aux dents d'argent, ces teubées. Quelle aubaine pour les machos!


En parlant de macho, je e sur le ridicule de James Franco, puisqu'il ne suffit pas de lui filer des dreads et des dents en argent pour en faire un gangsta, j'ai rarement été aussi gênée par un jeu d'acteur. Je e aussi les scènes où il montre ses gros biscoteaux (enfin ses gros guns plutôt), ainsi que toutes les scènes de cul inutilement voyeuristes et tous les plans de culs ablement dévoilés ; je pense qu'on a compris que le film voulait montrer la déchéance des spring breakers, pas besoin d'en faire des caisses.


Car j'ai quand même apprécié la cinématographie, l'atmosphère du film qui semble parfaitement traduire celle du Spring Break, James Franco quand il gardait la bouche fermée, la très jolie scène au piano jouant Britney Spears, celle du braquage, très réussie, et la scène de toute fin. Et Spring Breakers aura au moins eu le mérite de me donner envie de faire la fête (et de ne plus jamais regarder de film avec Selena Gomez et Vanessa Hugdens dans le casting).

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le 27 mai 2020

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theremainsoftheplay

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