Quitte à er pour le plus gros rabat-joie du multivers, j'avoue être resté quelque peu sceptique et de marbre face au phénomène "New génération", lorsque ce dernier déferla sur les écrans. En le revoyant en prévision de sa suite, six ans plus tard(eh oui déjà!), je restais sur mes réserves, même en constatant le chamboulement réel qu'il avait suscité au sein de son industrie. Mes principaux reproches à l'encontre de ce pauvre tisseur port(ai)ent sur son inconséquence vis-à-vis de certains points de scénario pas du tout anecdotiques, mais également de son aspect publicitaire vis-à-vis du potentiel que cet Univers promettait, aussi bien formellement que thématiquement (ce qui est conforme à ce que je pense de la mode des films se déroulant dans des multivers, en général).
Eh bien, quelle ne fut pas ma surprise de constater que, tel un bon génie ayant entendu mes reproches, sa suite est parvenue à gommer à peu prêt tous ces défauts! C'en est même fascinant de voir le niveau auquel le Hollywood moderne pourrait arriver, en s'inspirant de l'évolution de cette franchise. Car Across the Spider-Verse n'est pas juste une petite révolution technique, mais bien pour moi une volonté de s'affranchir totalement des contraintes et conventions des médias mainstreams. Il y a bien longtemps qu'un film ne m'avait fait à ce point l'effet d'une bombe- d'autant plus en connaissant la propension du grand public à créer l'évènement autour de films se révélant finalement assez sages, avant de complètement les oublier, un mois plus tard. Across the Spider-Verse ne rentre définitivement pas dans cette catégorie des films "tape-à-l'oeil"... Rien que sa séquence d'introduction enterre six pied sous terre 80% du cinéma grand public actuel. Dès les premières minutes, en effet, j'ai enfin vu ce que je fantasmais dans les comics ou les séries animées de super-héros, mais dans une forme complètement libérée de tout impératif de temps ou de contrainte physique... Et tout le film est comme ça. Je crois n'avoir pas ressenti un tel choc depuis Gravity, en 2013, ou même Scott Pilgrim en 2010(!). Même des œuvres supposément révolutionnaires en terme de nouvelles possibilités et innovation techniques, que ce soit Avatar ou la saga Mad Max, me paraissent toujours limitées dans leurs ambitions, par des scénarios conventionnels au possible ou par un format ne permettant pas de s'affranchir complètement de la terne réalité. Avec Across the Spider-Verse, j'ai enfin eu l'impression que le cinéma populaire venait de franchir un cap, et pas que technique. Car ne voir dans ce long-métrage qu'une historiette pour les minots, c'est er à coté d'un tourbillon de sous-textes ionnants, un brassage thématique riche et possédant de multiples grilles de lecture ionnants. L'ensemble se révèle d'une telle densité qu'en parler en analysant et en détaillant chacun des aspects prendrait un temps incalculable. La moindre petite scène d'action mériterait une analyse complète, la moindre réplique, même anodine est indissociable du tout. C'est un résultat rare et précieux que nous offert, que m'ont offert une équipe de personnes ionnées par leur travail et par un merveilleux personnage. Et finalement, c'est peut-être ce qu'il faut retenir: ce film c'est une déclaration d'amour au travail d'équipe et à Spider-Man. Un tout grand bravo à tous!