Entre réminiscences, extraits de fiction et témoignages de spectateurs Arnaud Desplechin exprime ses sentiments envers le septième art.
On dit souvent que ce sont les peintres qui ont inventé la photographie, je dis non : ce sont les chimistes
Ah, mes chers esthètes et perspicaces scrutateurs de la pellicule argentée ! Permettez à mon humble plume de s'épancher en une dithyrambe incandescente sur le dernier opus, ô combien cinéphilique, du vénérable Arnaud Desplechin : Spectateurs !
Dès les premiers plans, une palpitante et inébranlable dédicace au septième art, à ses sanctuaires obscurs et moelleux, les salles de cinéma, se déploie avec une somptuosité et une éloquence rarement égalées. Tel un officiant zélé, le cinéaste nous convie à une vénération extatique de ces lieux magiques où les ombres dansantes tissent des sortilèges narratifs. Sa ion dévorante, ardemment et ostensiblement exhibée, irradie chaque séquence, tel un phare intellectuel guidant nos esprits avides à travers les méandres de son univers filmique.
Le vertige peut être filmé
Cette œuvre polyédrique, ondoyante entre les rivages de l'essai introspectif, du documentaire et de la fiction, nous happe dans un tourbillon réflexif d'une intensité rare. Elle nous interroge avec acuité sur la quintessence même de notre démarche spectatorielle, sur la métamorphose graduelle de notre regard au fil des bobines déroulées, sur la puissance évocatrice et sublime des images projetées.
Qu’arrive-t-il à la réalité quand elle est projetée ?
Les fragiles et émouvantes réminiscences du réalisateur, notamment celles afférentes à sa genèse cinéphile auprès de sa vénérable aïeule, constituent un fanal d'humanité au sein de cette fresque intellectuelle. Ces anecdotes précieuses, distillées avec une délicatesse infinie, vibrent d'une nostalgie palpable et d'une tendresse filiale des plus captivantes.
Et comment ne pas évoquer cette sentence lapidaire et profondément signifiante d'un spectateur éclairé, déclarant fréquenter ces temples obscurs afin de « vivre ce que je n’ai pas le temps de vivre » ? Cette assertion fulgurante résume à elle seule la quête ontologique qui anime tant de cœurs cinéphiles, cette aspiration à transcender les limites de notre existence prosaïque par l'immersion dans des mondes fictionnels d'une richesse inouïe.
J’ai pas du tout envie d’aller au cinéma si c’est pour voir la vraie vie
Bref, Spectateurs ! n'est point un simple film ; il s'agit d'une expérience transcendante, d'une ode vibrante à la cinématographie dans toute sa splendeur et sa complexité. C'est une invitation péremptoire à la contemplation méditative sur notre propre rapport au septième art, un legs précieux pour tous ceux qui chérissent l'enchantement fugace d'une salle obscure.