Et au milieu coule le manque de talent de Redford...

Pour son neuvième film en tant que réalisateur, Robert Redford reste dans l’histoire « historique et politique » (encore...) en traitant des Weathermen, organisation de jeunes états-uniens ayant commis de nombreux attentats pour protester contre la guerre au Vietnam. On retrouve dans ce film toutes les qualités et tous les défauts d’un Robert Redford réalisateur, le bilan de tout ça n’étant pas bien beau à voir.

Il faut lui reconnaître une chose: il sait s’entourer, il bénéficie en effet d’une distribution riche et brillante faites de grands noms et d’habitués des seconds rôles très réputés. On citera pêle-mêle outre Robert Redford lui même, Susan Sarandon, Julie Christie, Chris Cooper la toujours délicieuse Anna Kendrick, Stanley Tucci ou encore Nick Nolte. Mais nom de Dieu qu’est-il arrivé à Nick Nolte ? Qu’est-ce que c’est que cette tête, et cette voix ?! Il joue toujours très bien mais a vieilli d’un coup, on est presque triste pour lui. La (seule) belle nouvelle de ce film est que Shia Labeouf a enfin grandi, perdu sa tête de gamin, parvient à être convainquant et confirme enfin les espoirs qu’on place en lui et qui paraissaient jusqu’à présent totalement usurpés. Petit détail tout de même à l’adresse de Robert Redford, quand on a 77 ans on n’est plus du tout crédible en père d’une fillette de onze ans…

De son côté donc Robert Redford, en ancien du cinéma qui se respecte, sait tenir une caméra (c'est la moindre des choses) et nous gratifie d’une belle, académique et sobre mise en scène, très sobre, beaucoup trop sobre et qui annihile toute énergie, toute tension et tout rythme. Voilà ce qui assassine son film, l’incapacité absolue de son réalisateur à trouver de l’énergie, à accélérer sa narration quand c’est nécessaire, à instiller de la nervosité dans les scènes de chasse à l’homme. Tout est désespérément mou dans ce film, jusqu’à à la bande originale qui aurait trouvé sa place sur une radio new-age de relaxation. Le sujet se prêtait pourtant à tout autre chose qui nous aurait tenu en haleine pendant deux heures mais non c’est lent, pénible et soporifique. Même le pauvre twist qu’il tente de nous donner en pâture non seulement n’a aucun intérêt dans l’histoire, mais un enfant de quatre le devine de loin, de très loin.

On reste pour la vache sacrée: Robert Redford en fait, parce-qu’il reste une des dernières légendes vivantes du cinéma, il y a (encore) une forme respect. Ça ne suffit pas par contre à maintenir éveillé, on regrette de voir ce gâchis et finalement, le rythme de ce film qui convenait très bien à Et Au Milieu Coule Une Rivière, fait qu’ici on se dit qu'on ne se donnera pas la peine de voir son prochain film, cette fois tout Robert Redford qu’il soit.

Pour aller plus loin:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Weather_Underground
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le 1 mai 2013

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Jambalaya

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