SOLE ce sont les battements de coeur dans le silence, des battements de coeur dans l'indifférence.
Un film sans maquillage, du "concret", pour reprendre un qualificatif cher à Carlo SIRONI.
La lenteur du film, l'atmosphère pesante habille le vide, le borde et le contient.
C'est même sans doute grâce à elle que l'abîme dans le jeu se transmute peu à peu en désir de vie.
Dans la même veine, les dialogues minimalistes ont sollicité mon attention aux situations, aux dilemmes. La communication sans le langage, juste de l'imaginaire et du réel.
Enfin, j'y ai vu tout de même un peu de symbolique. La première image est celle d'un jeune homme, Ermanno, perdu seul et sans avenir plus lointain que sa machine à sous, représentation d'une pulsion de destruction qui viendrait combler le vide de son quotidien dans ce son monotone du bouton lumineux qu'il actionne ; mais une des dernières images est quant à elle la seule scène vraiment violente qui opère un renversement de posture d'Ermanno, lequel cette fois-ci n'est plus seul...
Ermanno, dans cette scène, lutte avec froideur et solidité, de l'épaisseur qu'il prend tout au long du film, mu par un amour naissant pour Lena, mais aussi pour ce qu'il est en train de vivre, il lutte contre Lena, aux prises à son tour avec les conséquences de son choix "machine à sous versus bébé".
Le troisième rôle du film est tenu par la mer, cette mer enveloppante qui tient d'ailleurs toute l'affiche, baignant les deux protagonistes d'une protection toute matrimoniale, un liquide amniotique duquel on en voudrait jamais sortir. De mare à madre, il n'y a qu'un D, qui chute ou revient dans le mot, comme le flux et le reflux.
J'ai aimé ce film original, si loin de ce que les écrans (petits ou grands) nous proposent, un film dans lequel l'espoir n'est pas un twist, mais une étape de la vie.
Mais tout cela n'engage que moi.
Bonne séance !