Silvio et les autres retrace l'histoire très partielle du sulfureux ex président du conseil italien Silvio Berlusconi lors de son retour au pouvoir en 2015.
Silvio et les autres est un biopic de Paolo Sorrentino de 2018. Après Il Divo consacré à un autre "monstre" de la politique italienne, Giulio Andreotti, le réalisateur italien nous livre ici une oeuvre esthétique, bavarde et vraiment particulière (2h30).
Le film m'a laissé une impression mitigée.
Formellement réalisé en 3 parties, Silvio et les autres nous montre d'abord l'Italie coté Jet Set, cocaine, filles magnifiques et faciles. Ricardo Scarmaccio y incarne un arriviste, Sergio Morrerra, organisateur de fêtes dans une villa en Sardaigne qui rêve de rencontrer Silvio Berlusconi. Les images "chaudes" se succèdent (on se croirait dans un clip de rap filmé au bord de la piscine) sur fonds de dialogues désabusés des protagonistes. Ce n'est que dans la deuxième partie qu'apparait un Cavaliere "sur la touche", qui s'ennuie dans sa superbe villa auprès de sa magnifique femme qui a déjà la cinquantaine... alors qu'il n'a que 70 ans.
Le crépuscule d'une vie politique et d'un séducteur
Après quelques nouvelles images lascives filmées dans les villas et au bord de la piscine peuplée de créatures diaboliquement belles, on voit Silvio Berlusconi se livrer à une ultime manoeuvre qui va lui permettre de "retourner" 6 sénateurs pour faire tomber le gouvernement et re-devenir le nouveau Président du conseil italien...juste avant le tremblement de terre de l'Aquila (la colère divine?).
Alors que Sergio se verrait bien député européen (on travaille peu et on touche le pactole) et s'en ouvre au Cavaliere, Berlusconi n'a d'yeux que pour Stella, une magnifique jeune étudiante de 20 ans qui lui fait observer qu'il lui fait beaucoup penser à son grand père. Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas...Tout cela semble sonner le glas d'un homme qui refusait obstinément de vieillir.
Au final, Paolo Sorrentino accouche d'un film à la fois esthétiquement abouti et terriblement désabusé même s'il est apparu trop "clippé" pour certains. Silvio et les autres est d'un vide abyssal, à mon avis délibéré. C'est ce vide qu'incarne justement fort bien son acteur fétiche, Toni Servillo, l'interprète de Silvio Berlusconi, ultime avatar d'un système politique italien corrompu et cigale, ayant régné sans partage pendant plus de 30 ans sur les institutions italiennes.
Sorrentino aime le crépuscule des hommes et des époques ainsi que la mélancolie, également trés présente dans La grande belazza.
Le problème, c'est que le film comporte quelques longueurs dans les dialogues qui finissent par donner l'impression que l'on est assis sur un siège bien peu confortable. Hélas, cet écrin superbe mais un peu superficiel ne permettait pas de revenir sur les conditions d'accession au pouvoir du magnat de la télévision italienne, décidé par les partis de droite et la loge maçonnique de droite P2 après "les années de plomb" pour définitivement enterrer la gauche italienne.
L'histoire se répète puisque après les années technocrates et Matteo Renzi mettant les italiens au régime sec, ces formations ont été balayées par les urnes. Les italiens ont préféré revenir aux bonnes vieilles recettes avec, cette fois, une alliance du mouvement 5 étoiles et de la Ligue du nord.
Macron devrait méditer la dessus. Mais ceci est une autre histoire....
On a les politiques que l'on mérite.
Les italiennes sont les plus belles femmes du monde.
Ma note: 6/10
Mention spéciale à la brebis victime de la climatisation.