Dollhouse.

Adaptée du roman de Kanae Minato, "Shokuzai" est à l'origine une mini-série en cinq épisodes réalisée par Kiyoshi Kurosawa et diffusée sur la chaîne WOWOW en 2012, remodelée en deux films de plus de deux heures pour le marché international. Un format casse-gueule et peu adapté pour un récit se savourant clairement en épisodes.

Débutant comme un film policier lambda avec l'assassinat d'une fillette sous le regard impuissant de ses camarades, cette première partie détourne habilement les attentes des spectateurs pensant assister à une enquête policière étalée sur quinze ans, faisant le choix de s'attarder plutôt sur les répercussions sociales et psychologiques des jeunes témoins de la scène.

Intégralement raconté du point de vue féminin, "Shokuzai" met en scène des personnages complexes loin des figures habituelles, des jeunes femmes pour qui toute sorte de bonheur est désormais bannie et évoluant dans un univers où chaque présence masculine est une menace potentielle, hantée qu'elles sont par leur promesse faites à une mère en deuil, figure spectrale planant sur leur avenir en exigeant réparation.

Un récit ionnant et d'une justesse rare, qui permet au cinéaste Kiyoshi Kurosawa de dépeindre une société nippone schizophrène et patriarcale, totalement hypocrite et cachant derrière ses bonnes manières et sa bienveillance les instincts les plus vils et les plus déviants.

Bien qu'un poil long et souffrant d'une mise en scène certes soignée mais trahissant ses origines télévisuelles, "Celles qui voulaient se souvenir" est une première partie prometteuse et fascinante, interprétée avec talent et qui donne furieusement envie de voir la suite.