Aujourd'hui, le Marvel Cinematic Universe, c'est le mal incarné du cinéma en tant que produit, de la formule resservie ad nauseam, de la sous-culture yankee et de la CGI dégueulasse.
Il n'en ira pas autrement pour sûr avec ce Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux. Comme on vous dira que les combats sont archi découpés jusqu'à l'absurde, comme on se tue à vous le répéter depuis Captain America : Civil War.
Et ce, même si le film ne provoque, au mieux, qu'un désintérêt poli. Au contraire de l'autre film à portée communautaire de la firme, Black Panther, qui avait réinventé la roue de la représentation ethnique au cinéma selon les pseudo-progressistes.
Sauf que Shang-Chi, au contraire, se démarque avec une certaine fraîcheur de son univers partagé. Dès la scène d'ouverture, qui fait de l'oeil de manière évidente au Hero ou au Secret des Poignards Volants de Zhang Yimou, une autre atmosphère semble prendre possession du film, faisant évacuer l'aspect purement super héros Marvel de l'entreprise.
Et si un certain type d'humour, par la suite, semble convoqué de manière parasite, celui-ci sera la plupart du temps évacué, pour le bien d'un film plus mythologique et fantasy que la moyenne du genre.
Oui, il y aura de la baston, bien filmée, aérée et fluide qui plus est, dans un bus ou encore sur des échafaudages, qui réussira à capturer l'essence des chorégraphies adoptées. Mais Shang-Chi ne compte pas sur ce seul aspect pour séduire. Car loin du film de destruction ou d'action frénétique que l'on était en droit d'attendre, le film pose les bases d'une véritable tragédie familiale bien investie, construite et interprétée. Une première chez Marvel. Oui, il y aura pas mal d'archétypes convoqués. Oui, c'est parfois simpliste. Et oui, le Mandarin ne sera toujours pas celui des comics. Mais celui-ci est présenté de manière profondément humaine, tandis que Marvel propose enfin une alternative plutôt bien troussée à sa formule habituelle tellement décriée. Et cela est à saluer.
Tandis que l'exotisme du background asiatique jouera à plein et séduira sans doute le profane. Faisant de Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux une porte d'entrée idéale pour qui voudra explorer plus avant cette culture après la visite de ce village reculé assiégé, à l'occasion d'un climax de toute beauté et archi spectaculaire qui fera penser à l'imagerie d'un Detective Dee. Oui, ce sera toujours aussi dégueulasse pour certains. Toujours les mêmes. Mais cette scène sera aussi enchanteresse, impressionnante et virevoltante.
De quoi divertir et émerveiller, malgré un ventre mou au milieu d'un chemin qui aurait dû ne pas déer deux heures, mais qui sera cependant éclairé par les présences des figures tutélaires du genre, comme Michelle Yeoh ou encore Tony Leung, qui irradie de charisme à chacune de ses apparitions.
Shang-Chi divertit donc sans difficulté et se permet de mettre à l'amende Black Panther sur ce terrain, en se présentant comme bien plus investi, merveilleux et intéressant. Après le age à vide que constituait Black Widow, l'oeuvre de Destin Daniel Cretton permet de confirmer que non, Marvel n'a pas totalement perdu sa formule magique en 2021.
Behind_the_Mask, qui hésite entre le titre de Lord of the Rings et celui de King of Dragons.