Soyons d'emblée honnêtes avec les intentions de Ridley Scott - et certainement avec celles d'Andy Weir, l'auteur du livre dans le film est adapté -, tout du moins dans ce qui transparaît à l'écran : Seul sur Mars n'est ni plus ni moins qu'un mix entre MacGyver et Man vs. Wild sur la planète rouge. L'ancien soldat des Forces Spéciales britanniques est devenu botaniste pour la NASA ; il n'est pas héliporté mais abandonné sur place, ses coéquipiers le croyant mort ; il ne mange plus des trognons de pommes récupérés dans les excréments d'un plantigrade, mais fait pousser des pommes de terre dans des déjections humaines.
Il finit évidemment par s'en sortir, tant bien que mal, et c'est justement ce cheminement qui est ionnant à suivre. Parce, d'une part, dixit les grosses têtes qui ont été consultées durant la production du film, la survie du botaniste est on ne peut plus proche de la réalité scientifique (mises à part deux entorses anecdotiques liées à des contraintes dramaturgiques et de mise en scène) ; et, d'autre part, la survie couillue mais finalement répétitive de Bear Grylls - je bouffe deux-trois trucs bien crades histoire de faire gerber le spectateur, je fais du feu comme un homme des cavernes et me construis une cabane tout confort, je me la raconte avec une pirouette inutile à la Bébel et manque de m'empaler les sacoches sur une branche morte - fait place à de la pure démerde bien technique comme on en n'avait pas vu depuis MacGyver.
Alors, certain(e)s diront que le type doit avoir le QI de trois prix Nobel pour avoir ses idées de génie, et la sagesse d'un vieux maître Zen pour ne pas péter un câble seul, à plusieurs dizaines millions de kilomètres de la Terre, dans les décombres d'une station martienne foireuse, mais là n'est pas le but du film : on n'a jamais reproché à ce bon vieux Mac d'être un Bon Samaritain, pourquoi ça devrait être le cas de Mark Watney ?
Pour celles et ceux qui envient encore son sort après avoir vu le film, je leur conseille le jeu vidéo Planetbase, sorti fin 2015 sur PC. C'est ni le meilleur, ni le plus complet des jeux de gestion, mais il est suffisamment balèze et prenant pour qu'on s'y attarde quelques jours avec plaisir.