La semaine où la NASA annonce officiellement avoir trouvé de l’eau sur Mars, Ridley Scott, jadis grand créateur d’atmosphère, sort son nouveau film sur un homme égaré sur la planète rouge après avoir été volontairement abandonné par son équipe, le croyant mort dans une tempête. Le dernier film du réalisateur de « Blade Runner » n’offrait pas de grandes perspectives, à vrai dire, il y avait même de quoi s’inquiéter. Aucune originalité au niveau du synopsis, un sentiment de déjà vu après ces deux dernières années qui ont vu s’enchainer « Gravity » et « Interstellar », un réalisateur devenu la risée des critiques américains… Mais les surprises arrivent toujours de nulle part, c’est bien connu.
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Si il vend bien évidemment le pouvoir de fascination de la planète rouge, « Seul Sur Mars » en fait rapidement abstraction pour se transformer en survival opposant science et conscience, individuel et collectif, voyage intérieur et conquête de l’espace. Mélangeant habilement spectaculaire et intimiste, le film se démarque à travers sa soudaine pétulance apportée par un humour immédiat, éjecté par la cool-attitude du personnage principal : Marc Watney, incarné par un Matt Damon offrant le Robinson Crusoé idéal. Donnant une image ludique comblée par une esthétique léchée embrassant les paysages martiens rendus par une 3D fabuleuse, le film dégage également un humanisme dominant. Watney rebondit d’astre en astre, il est solitaire et pourtant solidaire, parfois même touchant lorsqu’il laisse er la science comme le personnage principal du film, laissant son destin dirigé par le hasard.
Impliquant une véritable galerie de personnages, « Seul Sur Mars » fonctionne également à merveille à travers sa dimension comique, le transformant quasiment en aventure décontractée du vendredi soir. Le comique, intelligemment utilisé, évite également toute lourdeur, assurant la limpidité et la fluidité du récit de plus de deux heures. L’histoire décolle à une vitesse grand V, assumant pleinement un visage irrévérencieux mais baignant dans le souci du détail de Ridley Scott, interrogeant la faisabilité de cette histoire avec l'existant.
En guise de monstre, Marc Watney affronte les éléments ainsi que l'injoignable bureaucratie, à l’instar de ses coéquipiers, parfaitement aidés par l’écriture du film, prévisible mais superbement menée, et présentant un optimisme et un espoir jusqu’ici peu présents de la filmographie de Ridley Scott, manquant toujours d’ambition mais prouvant que l’on peut désormais regarder l’un de ses films sans se dire qu’une heure a vraisemblablement été coupée au montage.
Entre l’utilisation surabondante de l’humour et la tension palpable, « Seul Sur Mars », éloge de la solidarité et de la débrouille, reflète une euphorie rare dans un tel film de survie, faisant prendre à cette odyssée spatiale un trait galvanisant improbable.