Avant de se concentrer pendant un moment à la promotion de la motion capture, avec plus ou moins de réussite, Robert Zemeckis achevait le vingtième siècle avec cette relecture de "Robinson Crusoe", tout en prenant le temps de tourner le thriller surnaturel "Apparences", le temps que son acteur Tom Hanks se fasse une carrure de naufragé.
Véhicule à Oscar pour sa star tout autant que champ d'expérimentations pour Zemeckis, "Seul au monde" est un film un peu hybride, naviguant sans cesse entre blockbuster grand public et une vision plus libre du cinéma, le cinéaste démarrant son film sur une pub géante pour FedEx à la limite du message subliminal (bien que la célèbre compagnie ne soit pas créditée comme sponsor), pour ensuite bifurquer vers une certaine épure narrative et enfin achever son film sur une touche plus lacrymale.
Le film de Zemeckis souffre ainsi d'une introduction un peu étrange et d'un dernier acte s'étirant excessivement, éléments conçus dans le but de nous faire ressentir d'avantage le chemin de croix d'un homme tributaire du temps qui e mais dont la vie va soudainement être mise sur pause. Le véritable intérêt de "Seul au monde" réside dans sa partie centrale introduite par un crash spectaculaire aux images sublimes et terrifiantes, confrontation entre l'homme civilisé et la nature dans ce qu'elle a de plus sauvage et impartiale.
L'occasion pour Zemeckis de s'essayer à un cinéma sans fioritures (si l'on excepte quelques trucages), étonnant dans sa volonté de prendre son temps, de ne pas précipiter les choses, de s'affranchir de toute musique et de tous dialogues, ici peu présents, ce qui détonne dans le paysage hollywoodien.
Un mélange efficace d'âpreté, d'émotion et d'humour (aaah Wilson), tourné dans des décors naturels grandioses, porté à bout de bras par l'implication autant physique qu'émotionnelle de Tom Hanks, comme toujours parfait.