Un exercice de style 2.0 d'une maîtrise impressionante qui arrive à marier remarquablement la forme et le fond. En plus de conférer à l'ensemble une authenticité presque documentaire la forme revêt un rôle narratif et interractif complètement intégré à l'intrigue, l'utilisation d'un logiciel rétro comme Windows XP par exemple suffit à introduire un flash back intelligement et simplement. Ce procédé rend l'enquête captivante de par sa crédibilité tout en jouant intentionnellement sur les grandes peurs fantasmées liées à l'anonymat d'internet.
Le propos du film sur les apparences trompeuses est poussé loin en avant avec plusieurs niveaux de lecture et des éléments scénaristiques volontairement bienveillants ou insignifiants au premier abord mais qui prennent une importance cruciale par la suite. Bref une construction scénaristique rondement menée et un storytelling par captures d'écrans interposés terriblement efficace malgré les contraintes de mise en scène, chapeau bas d'ailleurs à la version française qui a du refaire toutes les fenêtres logiciels en V.F. Le film s'approprie pleinement l'infrastructure des résaux sociaux à peu de frais en y situant les arcanes de son polar, par la même occasion il fait la critique rapide mais pertinente des comportements superficiels de la société moderne surconnectée et consciemment espionnée qui se targue de fausses indignations mises en scène sur Snapchat et de commentaires provocateurs de haters.