Ceux qui auront vu le court métrage comprend immédiatement l'allusion graveleuse contenue dans mon titre animalier, mais forcé on est de constater que question minorité, on identifie assez vite dans quel milieu on est. C'est d'ailleurs ce qui rend cet OFNI si amusant dans ses interminables préliminaires, pendant lesquels chacun des bikers enfile le plus virilement possible sa veste en cuir, et se sangle vigoureusement dans cette dernière, rajoutant boucles, chaines, bagues, percings, et tout autre accessoire à base de cuir ou de métal. Barbus, moustachus, rasés, tous enfilent leurs lunettes, s'enfoncent dans leur casque et emboitent la première pour faire vrombir le moteur de la cylindrée, magnifiquement mise en valeur par la caméra avide de prises de vues esthétiques. Mécanique rutilante, pistons lubrifiés, châssis poli, tout est à fond dans le fétichisme biker cuir-moustache asséné avec un tel premier degré et en telle overdose de clichée que le résultat, en plus de se révéler d'une belle qualité esthétique, appelle immédiatement à un seconde degré sympathique, tant l'immersion dans un repaire de bikeurs homos se révélait inattendue. Malheureusement, si le film s'était contenté d'accumuler les codes invertis, il aurait sans doute conserver ma sympathie. Son problème réside dans ses allusions sexuelles de plus en plus explicites et fréquentes. Bon, on ne va pas se demander longtemps ce que font une bande de bikers virils quand ils se réunissent (à part s'enfiler des bières...). Mais nous le montrer par de réguliers inserts sans que cela serve une quelconque démarche expérimentale, j'ai tendance à trouver que cela ruine la démarche artistique, nous ramenant à un cadre bien plus convenu de porno gay. Et l'insistance de Kenneth Anger, surtout quand il se met à mettre des images du nouveau testament mettant Jésus en scène entrecoupées de petites sauteries entre amis, je commence à douter de l'objectif. L'apparition de symboles nazis ne m'a pas particulièrement choqué (en l'état, ils m'ont davantage renvoyé au contexte très fétichiste du film, avec peut être une connotation un peu anarchiste venant des motards), mais les allusions sexuelles ont complètement gelé mes impressions expérimentales. Gelée au stade de porno gay tentant de se donner un écrin fastueux. Un peu comme ce qu'avait tenté de faire Bruce Labruce avec Raspberry Reich (d'une façon maladroite confinant au pathétique), cette connotation sexuelle dans l'anarchisme, dans le fait de faire de ses relations sexuelles (non hétéro) une arme de rébellion et d'anticonformisme. La masturbation intellectuelle réelle et ultime. Mais ici, juste quelques petites sodomies entre potes et un zapping sur le film catho du mercredi aprem. La direction artistique, l'ambiance et la musique permettent heureusement de sauver largement plus que les meubles (Raspberry reich en était complètement dépourvu, pauvre de lui...), mais en s’essoufflant clairement dans la longueur, Scorpio rising a tendance à lasser.