Encore un film où je pense que je vais me faire remarquer sur SC …
C'est un film culte et même cultissime. J'ai même compris qu'il y a des jeux vidéo qui s'inspirent du personnage ; n'étant pas adepte de ces jeux, je ne comprends même pas comment on peut y jouer et à quoi … Aux bastos, aux jurons, aux kilogrammes de cocaïne ?
Parmi les généralités, on peut dire aussi que c'est le remake du fameux Scarface de Hawks des années trente. Oui, mais non. Oui parce qu'il s'agit de l'histoire d'un gars parti de rien, arrivé à rien à la fin, après avoir été le roi du trafic d'alcool pour l'un et de drogue pour l'autre. Non, dans le traitement général du film.
Les trucs intéressants du film car il y en a, si si.
C'est clairement la face sombre des films de gangsters ou de maffia. Je veux dire par là, qu'il s'oppose à tous ces films qui montre l'aspect positif d'organisations criminelles sous les aspects – séduisants - de grandes familles, de solidarité entre les membres de ces familles, presque de rôle social voire régulateur de la société. Là, on appelle un chien, un chien…
"Scarface" de Brian de Palma, c'est aussi l'évidence du rôle de l'intelligence sur celle de l'instinct. Je m'explique. On est exactement dans le schéma des gagnants au loto ou des footballeurs immensément riches mais dispendieux. C'est l'intelligence qui permet d'assurer un avenir. Pas l'instinct, caractérisé par la gloriole ou par un pouvoir éphémère ou un égocentrisme démesuré. La scène du bain est une des plus efficaces (à défaut d'être belle). On voit Tony Montana trônant dans son bain et dispenser son mépris à son épouse et à son ami de toujours. Qui finissent par le laisser seul. C'est l'intelligence qui permet d'écouter, d'ettre un point de vue différent, de faire confiance. Là, il n'y a que l'instinct qui parle. L'instinct de l'animal.
D'autres aspects intéressants comme la politique castriste d'expulsion de gens indésirables vers les USA …
Les aspects négatifs du film, ce sont évidemment les outrances en tous genre.
Verbales : ah, ça, on comprend vite que Tony Montana n'a aucune éducation sinon celle des bas-fonds. Incapable de sortir trois mots sans un juron à base sexuelle et relatives à des organes que "rigoureusement ma mère m'a défendu de nommer ici". Quand on sait que c'est quand on en parle le plus, qu'on est le moins performant …
La violence frénétique, omni présente, paroxystique : ah pour flinguer, ça flingue. Les amateurs de gun fight, pour employer l'expression qui fait très cinéphile, sont bien servis. Je rappellerais toutefois qu'il faudrait que les réalisateurs ou fassent prendre des cours de tirs aux acteurs ou équipent les acteurs d'armes un peu plus efficaces. Car comme dans certains autres films (les westerns façon Peckimpah ou Leone), le ratio "nombre de mort/ balle" est absolument désastreux. Ah, mais, dans mon oreillette, on me dit que je n'ai rien compris, que c'est fait exprès. Ah, alors, je ne dis plus rien !!!
Le déséquilibre du film entre les personnages. Le film est bien trop centré sur le personnage principal dont Brian de Palma prend un malin plaisir à en exacerber ou se délecter des outrances. Des personnages ou les relations entre personnages auraient mérité d'être plus approfondies.
Parlons du casting qui est quand même assez fameux.
Le rôle de Tony Montana est tenu par Al Pacino qui réalise une vraie performance comme personnage égocentré, vulgaire, violent. Le spectateur en a pour ses sous.
Le rôle d'Elvira est tenu par une sublime (le mot n'est pas trop fort) Michelle Pfeiffer. A noter, une ou deux scènes où le personnage d'Elvira remet en place et tient tête à Tony Montana.
Il y a aussi F. Murray Abraham (le Salieri de "Amadeus") qui campe un personnage intéressant mais qu'on ne voit pas assez.
Et, pour le fun, Miriam Colon (je ne connais pas) qui joue le rôle – intéressant - de la mère mettant les pendules à l'heure pour éviter toute généralisation de cas particuliers aux cubains réfugiés aux USA…
Film qui présente quelques aspects intéressants, qui est bien réalisé par Brian de Palma ; l'ascension puis la chute irrésistible du héros est assez captivante. Par contre, le manque d'épaisseur des personnages et les outrances en tous genres finissent par être lassantes.