Pour une fois que j'apprécie un film de Jugnot

Ce film est une parodie, et je dois dire qu’elle est plutôt plaisante, certes, on rigole pas comme un putois, mais on réussit à nous faire sourire.
Je parle notamment du personnage de Gérard Darmon, Jacques de Mailles, qui est un écrivain public. Il est homosexuel, très efféminé et ses manières sont excellentes. Il est un peu la touche « féminine », chochotte, sensible dans ce monde de brutes où l’on ripaille, tue, pille et viole à tout va.

Les situations dans lesquelles se (re)trouvent les personnages sont elles aussi plutôt drôles : la mort du roi Charles VIII qui tombe en ayant glissé sur des excréments humains, le Chevalier Bellabre qui rate une bataille à cause de son armurier trop utopiste, ce même chevalier se retrouve dans une cage en hauteur se faisant chier dessus par des pigeons, deux personnages se retrouvent dans un confessionnal pour faire l’amour alors qu’on célèbre l’enterrement du roi dans la chapelle… Bref, on est loin d’un film centré sur le courage…

Et pourtant, le personnage Pierre Terrail de Bayard conserve la hardiesse qu’on lui connaît : à lui seul, il descend une milice et prend d’assaut une villa italienne, à lui seul, il tue une troupe d’espagnols alors que sa femme accouche juste derrière lui et surtout, il s’excuse auprès des personnes que ses camarades de guerre malmènent…

On a même parfois droit à des ages bien dégueulasses dans Sans peur et sans reproche pour nous rappeler qu’on est bien dans une parodie : des saignées sont pratiquées ; Sottomayor montre des engins de torture ; un « chirurgien » italien de l’époque opère un homme, boyaux et autres joyeusetés sorties, il donne même les restes qu’il n’a pas pu remettre dans le corps de l’homme à ses chiens ; une plume est enfoncé dans l’œil d’un ennemi, une épée traversant l’ouverture du heaume d’un chevalier…


Bref, on est bien dans la parodie, mais on sent bien qu’un hommage au Chevalier Bayard a voulu être fait par Jugnot : il garde le personne de Pierre dans une certaine droiture, il est respectueux, courageux, il se bat pour un monde juste et ne profite pas des « trésors de guerre » (argent, femmes…) alors que les autres s’en délectent avec joie.