Salve Maria
Salve Maria

Film de Mar Coll (2024)

Le mal de mère

Pour son premier long-métrage, la cinéaste espagnole Mar Coll adapte sur grand-écran le roman de Katixa Agirre : Pas les mères.


Ciselé en micro-chapitres, nous suivons le personnage de Maria, jeune mère et écrivaine prometteuse qui développe une obsession pour une affaire de double infanticide.

Dans sa conception, le film oscille entre deux univers. D’une part, à l’instar de Un heureux événement, le film s’inscrit dans une forme de réalisme, avec le quotidien chamboulé de jeunes parents ; d’autre part, le film baigne dans une atmosphère grise et inquiétante, qui n’est pas sans rappeler le climat d’étrangeté de Rosemary’s baby.

Le film dépeint sans filtre les chamboulements de la maternité quelque peu mouvementée. Il est question de la perpétuelle inquiétude pour la santé de l’enfant, le tunnel de la solitude à gérer le quotidien ou encore l’incompréhension et aveuglements de l’entourage.

Le film dénonce au age les diktates de la société où maternité rime forcément avec bonheur et épanouissement, en exemple : le devoir maternel d’accomplir avec d’autres « mères modèles » les ateliers de bien-être et d’éveil complice, mère-enfant.

A un point d’orgue, la détresse psychologique fusionne avec la souf du corps, cela métaphoriquement mis en scène : le corps comme otage ravagé d’une maternité douloureuse.

L’interprétation intense de l’actrice Laura Weissmahr au regard cerné et noyé de fatigue demeure saisissante.

Cette obsession à vouloir comprendre le point de basculement tourne davantage pour Maria comme une manière de fuir cette maternité éreintante et nourrir son intellect d’un nouveau projet professionnel que pour une dérive morbide.


Intranquille et quelque peu éprouvant, Salve Maria frappe les esprits tout en laissant place aux diverses questionnements de la maternité, notamment, l’accomplissement de soi (ici dans une carrière artistique) est-il compatible avec l’épanouissement maternel ?

Doublement couronné au festival du film espagnol de Nantes 2024 (prix du jury jeune et meilleure réalisation), Salve Maria marque le point de départ d’une cinéaste prometteuse à suivre.


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le 2 avr. 2025

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Alicia_87

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