Rumours - Nuit blanche au sommet par Spectateur-Lambda

Quand un synopsis me promet d'envoyer les sept plus grands dirigeants de la planète, réunis pour un G7, au cœur d'une forêt isolée mais peuplée de zombies je rentre dans la salle de cinéma intrigué et relativement confiant quant au fait de er au moins un moment divertissant. Comme en plus j'étais notablement fatigué ce soir là, la perspective même de me retrouver face à un gros bis délirant et pas forcément très profond me convenait.


Hélas, il aurait peut-être mieux valu que j'écoute les signes de la fatigue et que je m'offre cette séance un autre jour. C'est pourquoi cette critique n'est pas à prendre comme définitive, ayant la ferme intention de revoir le film, car si j'ai du positif à en dire, en ce qui concerne mes réserves, il n'est pas impossible que la petite sieste au milieu du film en soit l'origine.


Le film débute comme une satyre assez réjouissante et franchement drôle à l'encontre de nos dirigeants qui sont présentés comme des caricatures assez bien vues de personnalités politiques de premier plan. Un président français qui serait un mélange entre François Hollande et René Coty, partagé entre l'inaction du premier et le traditionalisme du second, une Angela Merkel autoritaire de façade mais soumise en coulisses, un Biden impotent aux limites du cacochyme qui dans sa sénilité aurait viré trumpiste, un premier ministre italien tellement bête qu'il ne voit pas où est le problème quand il raconte s'être déguisé en Mussolini pour une soirée, un premier ministre canadien la cuisse légère et plus concerné par son aura que sa mission etc.

Les dialogues ciselés font mouche, la peinture assassine de cette caste rendant parfaitement compte de la déconnexion totale qu'ont ces gens vis à vis des réalités du monde et de leurs compatriotes électeurs.

Ce portrait guère flatteur est d'autant plus souligné qu'ils sont réunis pour ce sommet de première importance dans le but d'établir une déclaration commune concernant une crise mondiale, qui ne sera jamais identifiée, mais qui nécessiterait manifestement des choix et des prises de positions claires, fortes, qui ne viendront jamais. Se complaisant dans l'attentisme et un laisser faire qui marque en plus de leur incapacité flagrante à gérer cette crise et par extension les affaires du monde, révèle leur maîtrise d'une langue de bois stérile. Ne se mouillant jamais, insistants tous sur le fait de produire une intention qui resterait floue et évasive, les connivences affichées pour le maintien d'un statu quo qui les exonérerait de toute responsabilité étant l'unique projet qui les anime.


Quand après une énième prise de parole vide de sens, nos idiots s'aperçoivent qu'ils sont seuls dans cette propriété et que tous les autres personnels ont disparus, débute la partie sensée être fantastico-horrifique du projet. C'est paradoxalement là que j'ai abdiqué. Paradoxalement car alors que jusque là le film était surtout un film de dialogues, encore une fois d'une efficacité comique indéniable, c'est au moment où le film se met en mouvement, qu'il devient statique dans sa réalisation. Les enjeux sont mal définis, le scénario patine et finit par être redondant sans jamais parvenir à progresser. Ma fatigue n'ayant pas aidé j'ai piqué du nez d'où encore une fois préciser qu'il faut accueillir cette critique sous la réserve d'un autre visionnage afin de m'assurer de la pertinence de cette première impression.


A mon réveil le film était dans un délire complètement zinzin avec des morts-vivants priapiques et onanistes, un cerveau énorme, gélatineux et planté au milieu des bois auquel une étrange femme s'exprimant dans une langue inconnue semblait vouer un culte ionné et un incendie. Autant dire que si je suis de nature sensible à ce genre de propositions stupéfiantes, le lien avec la première partie ne m'a pas été évident et je suppose que mon escapade aux pays des rêves m'a privé de la clef de compréhension.

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