L'agriculture en péril, comme la faisait papa de préférence, est la nouvelle mode médiatique. Sa souf, les petits producteurs gentils face aux gros industriels pas bien, les marges démentielles, le bio qui n'est génial, la prise de conscience quant au contenu de notre assiette, toussa...
Hum, pas si nouvelle que cela, à la réflexion. Sauf que pas grand chose ne change.
Tout comme le cinéma français quand il s'agit de mettre en scène cette ruralité, soit de plus en plus souvent. Comme le montre Roxane aujourd'hui qui, en dix minutes, réussit l'exploit de brasser l'ensemble des poncifs quasi systématiques de la profession. En forme de triste record qui a bien braqué le masqué dès le début de la séance.
La grippe aviaire n'était donc pas loin. Tout comme la finesse affublée de ses gros godillots.
L'immédiate suite n'était pas plus fameuse, avec son superficiel buzz, soit l'alpha et l'oméga de la visibilité 2.0, et l'ultime veau d'or des quinze secondes de gloire sur la toile.
Quelques inserts, parfois drolatiques il est vrai, sur un volatile des plus expressifs grâce à la magie du montage ne changent pas grand chose à l'affaire.
Jusqu'à ce que Mélanie Auffret s'écarte quelque peu de son canevas conventionnel et touche enfin au coeur en faisant parler Roxane du pouvoir des mots, quelque peu en décalage avec le caractère taiseux de son personnage principal, de la vocation d'une vie, des ions qui nous étreignent ou des illusions que l'on entretient.
Roxane n'est jamais meilleure que quand elle s'attache au pas de Raymond, qui ne veut pas faire autre chose que de s'occuper avec amour de ses volatiles cultivés, quand elle nous fait partager ses obstinations, ses doutes et ses blessures familiales.
Ou quand elle lui fait rencontrer cette drôle d'anglaise revêche et excentrique made in bed and breakfast, dans un duo détonnant et transpirant la fantaisie, exaltant le coeur des grands textes littéraires.
Soit quand Roxane oublie son virage pseudo social caricatural pour s'aventurer vers le feelgood movie tendre et les incertitudes de son personnage à la vocation artistique, avide des mots et des envolées qu'ils peuvent procurer.
Roxane, si elle se déplume par instants, s'éloigne donc du Quand tu quittes Breizh Chicken par la fascination et les rêves de son personnage principal, son attachement à la terre. Bien au delà des maladresses parfois embarrassantes et des clichés d'un premier film auquel on ne saurait reprocher sa sincérité.
Behind_the_Mask, qui a peur de se faire voler dans les plumes.