Roubaix est la ville de la plus pauvre où la moitié de la population survit en-dessous du seuil de pauvreté, oui : la moitié ! Rappelez-vous les maisons à 1€, c’était là.
Roubaix c’est aussi la ville natale d’Arnaud Desplechin qui nous livre un nouveau Conte de Noël.
Mais comme le précédent film, il y a tromperie dans le titre : le conte n’a rien d’une jolie histoire de Noël et nous ne verrons pas vraiment la lumière.
Le film est quasiment le remake d’un documentaire de Mosco Boucault diffusé en 2008 (pendant que Desplechin tournait Conte de Noël justement), un chef d’oeuvre du genre é inaperçu.
Un documentaire sur un sordide fait divers dans une ‘courée’ des mauvais quartiers et sur l’enquête des flics du commissariat central.
Certes le film de Desplechin apporte ses acteurs connus, ses belles images, ses belles lumières mais tout cela est tourné au plus près des visages, sans aucune distance ‘romancée’.
Le spectateur se laisse piéger par ce beau cinéma et il en prend plein la gueule pour avoir oublié la mise en garde des documentaires habituels. Les scènes d’interrogatoire sont littéralement inables et n’ont rien à voir avec celles des polars habituels. C’est pas du cinéma.
On essaie de se réconforter en se disant qu’on a là l’occasion d’apprécier le remarquable travail de l’équipe d’enquêteurs ... maigre consolation pour le spectateur KO dans son fauteuil.
Roschdy Zem nous offre (avec sans aucun doute le plus beau rôle de sa carrière) une autre lecture, une échappatoire : un personnage débordant littéralement d’empathie pour sa ville et ses habitants (on imagine qui se cache derrière !) et qui pourrait être la lumière du titre.
Le flic qui murmurait à l’oreille des chevaux.
Mais là encore, le spectateur va se trouver le cul par terre : le flic est un véritable rouleau compresseur qui fonce droit sur la vérité, faisant tomber les masques un à un, écrasant tout sur son age, brisant toutes les résistances. Son empathie devient alors une véritable arme de destruction massive.
Âmes sensibles s’abstenir. Un film noir qui est une véritable épreuve pour le spectateur qui reste d’abord sans voix avant d’essayer de se libérer par quelques paroles échangées.