Pour commencer j’aime bien Elton John. Moi qui suis attaché à la mélodie, je place Elton John au plus haut niveau, avec Lennon-McCartney, même si j’écoute plus souvent du classique ou du heavy metal. Et je pense que Dexter Fletcher est un vrai fan, ça se voit quand il fait décoller Elton de son piano en chantant Yellow Brick Road.
Mais le problème d’un biopic, c’est que ça fait er un bon moment mais on est un peu frustré à la fin parce que l’histoire...on la connaissait déjà.
Comme pour Bohemian Rhapsody tout semble pourtant calibré pour celles que les publicitaires et Michel Drucker appellent les ménagères de plus de 50 ans, celles qui chantent, paraît-il, Crocodile Rock en préparant la blanquette de veau. Mais il y a le conflit de générations qui n'a jamais été aussi fort. Après un bref sondage auprès des collègues qui sont plus jeunes que moi les réponses sont les mêmes. « Ma mère a bien aimé mais moi ça me dit vraiment rien. » Et tous en chœur « Moi c’est pareil !» Et ce n’est pas les séances spéciales où les plus de 50 ans reprennent tous en chœur I’m still standing better than I ever did qui vont les faire changer d’avis.
Bref la nouvelle génération s’en fiche d’Elton John comme de sa première paire de lunettes.
Il faut constater aussi que la part féminine de Reginald semble prendre progressivement le dessus avec le temps, et pas pour le meilleur. Jusqu’à se faire appeler Sœur Elton John... Alors on va dire pour trouver un coupable que c’est la faute au genre biopic. Venant juste après Bohemian Rhapsody et juste avant les biopics probables sur David Bowie, Prince ou Johnny Halliday on soupçonne les producteurs d’avoir trouvé là le bon filon pour se faire du pognon mais en oubliant de rendre sympathique la vedette.
Et en même temps ils ont trouvé le canevas du scénario parfait en six étapes, applicable à toutes les biopics de stars populaires. 1-Une enfance malheureuse avec des parents qui ne comprennent pas leur fils. 2-La solitude qui accompagne l’accession à la célébrité.3- L’homosexualité déclarée ( non, pas pour Johnny !). 4-La chute dans la cocaïne et l’alcool. 5-La lutte difficile contre les addictions.6- Et la rédemption finale grâce à l’enfant retrouvé en soi. Avec le happy end obligatoire au générique de fin: une personne jeune et désintéressée qui vient partager la vie de l’idole.
En fin de compte ce n’est pas mieux qu’une soirée spéciale sur Arte. Mais si vous aimez Elton John, les biopics et que vous détestez les surprises allez quand même voir Rocketman.