Après-guerre, un mère et ses quatre fils rejoignent le Nord de l'Italie, pour habiter chez l'ainé, en espérant refaire leur vie, avoir une situation professionnelle, bref sortir du marasme économique. A cette réalité professionnelle, à laquelle les fils ont du mal à subvenir, allant de petits boulots en petits boulots, la Femme va se mêler aux difficultés. Simone, l'ainé, va rencontrer Nadia pour une relation qui ne durera pas, et cette dernière ira voir Rocco, le cadet, le fils prometteur, qui a un don pour la boxe. Cette idylle ne sera pas sans heurts, et rendra fou de jalousie Simone, pour le pire...
Présenté dans une copie 4K absolument magnifique, Rocco et ses frères raconte les difficultés d'une famille. On y retrouve la mama italienne, les frères qui dorment tous dans une chambre minuscule, et l'espoir auxquels ils s'attendaient n'est pas forcément là. De plus, l'amour va s'en mêler.
Il en résulte un film vraiment magnifique, au fond assez dur sur les conditions de vie, et où les acteurs y sont bouleversants. En particulier Annie Girardot et Renato Salvatori (dont une relation naitra à l'issue du tournage), qui sont d'une grande intensité. D'une certaine façon, tout le monde y est formidable, magnifié par la lumière de Giuseppe Rotunno, donnant à ce film des noirs très profonds, comme si le visuel nous indiquait déjà le drame à venir.
On voit en fond l'Italie se reconstruire, avec la construction des bâtiments autour des lieux de travail, les ouvriers chez Alfa Romeo, et l'espoir que représente Alain Delon en tant que futur champion de boxe, alors qu'il a choisi ce sport à contrecœur, uniquement pour subvenir aux besoins de la famille et par iration envers son ainé, Simone, qui sera rejeté par ce milieu en raison de ses excès.
On peut sans doute regretter que le film se centre surtout sur Rocco et Simone, mais ils représentent de magnifiques vaincus ; l'un, qui fait une chose qu'il n'aime pas, et l'autre, dont Nadia lui refa son amour, ce qu'il n'acceptera jamais. D'ailleurs, je suis étonné de voir des scènes aussi dures que celle du viol, où l'image fut assombrie pour éviter la censure, et encore plus surpris de voir une représentation suggérée de l'homosexualité via le personnage de Roger Hanin (excellent, par ailleurs), qui est quelque part le pivot du film, celui qui va faire basculer la destinée de Rocco.
La durée, près de 3 heures, ne se fait absolument pas sentir, car on vit une saga familiale à l'italienne, sur deux ans, dont la tragédie familiale conduira à l'éclatement des valeurs, et comme quoi un nouveau monde est un train de naitre.
Chef d’œuvre, tout simplement !