Rio Bravo
7.9
Rio Bravo

Film de Howard Hawks (1959)

O'er the land of the free and the home of the brave

Je vais essayer de ne pas trop égratigner celui-ci, que la plupart de mes éclaireurs portent en haute estime, pour autant ce classique accuse son âge et ses qualités d'origine s'en trouvent bien altérées aujourd'hui. Howard Hawks nous présente un western très classique, un film résolument optimiste et humain, une vision presque messianique de l'ouest américain. Derrière la sempiternelle figure paternaliste et rassurante de John Wayne, tout ce qui n'est pas foncièrement mauvais peut aspirer à la rédemption et à une nouvelle vie dans ces territoires de l'Ouest, qui ne demandent que des bons pèlerins pour poursuivre la Destinée manifeste de l'Amérique. Ainsi, le boiteux, la pute, le jeune pistolero, l'ancien ivrogne (Dean Martin) et même le Mexicain et sa bouillante señora vont devenir les amis du shériff Chance qui a un don de discernement sans égal pour séparer le bon grain de l'ivraie (les frères Burdette et leurs acolytes).

Monument à la gloire de la droiture des hommes, exaltation de la bravoure jusque dans les moindres détails : le village s'appelle Rio Bravo, l'hôtel Alamo, l'air joué lors du siège de Fort Alamo, sans oublier bien sûr la composition très virile et sereine de John Wayne qui confère presque à la caricature.

Quelle confiance se dégage ici de ces hommes, vous l'aurez compris, c'est l'anti-High Noon, qui offrait une vision beaucoup plus nuancée (et réaliste) du courage et de la moralité humaine dans une ville confrontée à des hors-la-loi. Cette confiance face à l'inéluctable est d'ailleurs une des principales faiblesses du film, qui ne dégage quasiment jamais aucune tension, alors que le bureau du shériff est sur le point d'être assiégé. Non, on préfère chanter, rire et boire entre copains (la ballade 'My Rifle, My Pony and Me' est très sympa au demeurant). L'affrontement final devient une délivrance pour le spectateur d'autant que le film est long (2h21), trop long. C'est tout le contraire d'un 3:10 to Yuma ou du Gunfight at the O.K. Corral de Sturges qui promettaient un final en apothéose après une tension très maîtrisée, ou encore du Train sifflera trois fois qui le faisait très habilement avec ses cadrans d'horloge. C'est pour moi un western qui était déjà anachronique lorsqu'il est sorti en 1959, au regard des films cités précédemment et surtout de tous ceux qui vont arriver dans les années 60, tournant la page d'une époque révolue où le spectateur attend un peu plus du cinéma que la bonhommie de Wayne et d'une bande de joyeux lurons.

4
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Créée

le 1 mai 2025

Modifiée

le 2 mai 2025

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Yushima

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