Le titre rappelle immédiatement un opéra de Wagner célèbre, dont l’ouverture résonne à plusieurs reprises dans ce film qui a de l’ampleur, de la beauté, mais aussi de la lourdeur.
Alors l’histoire est très compliquée. C’est la vie chaotique et riche d’un certain Giwar Hajabi. Ses parents sont kurdes et musiciens, et fuient l’Iran des Mollahs pour être finalement arrêtés, torturés et emprisonnés, et débarquent ensuite dans les années 90 avec leur jeune fils à Bonn, dans l’Ouest allemand, où ils vivent de petits boulots, se débrouillent pour que leur fils fasse quand même du piano, ont une autre fille, se séparent. Giwar grandit dans un milieu où, pour se faire des sous, on copie des cassettes porno, puis on vend du shit, puis on apprend à se battre. Peu à peu, il entre dans l’engrenage des petites frappes qui deviennent grandes. Ça on le sait dès les premières images du film, car ce qu’on voit de la Syrie initiale, ce désert battu par le vent et ces barbelés, c’est un camp de prisonniers, où on le voit traîné pieds et poings liés. Ce long film suit Giwar à la trace, une vie tragique et palpitante, inspirée d’un récit autobiographique.
Giwar Hajabi existe bel et bien, il est un peu connu dans le milieu du rap outre-rhin sous le pseudonyme de Xatar.
Bon, mais ça ne fait pas pour autant un bon film.
Cette autobiographie est une matière qu’on imagine assez incroyable. Le film campe un héros complet, non pas au sens d’une exemplarité morale ou politique, ce n’est pas un tendre ce Giwar, c’est même parfois une brute, un imbécile et un méchant ! Ce qui déroutant, c’est qu’il est le héros de récits multiples, que le film parvient à croiser avec des incohérences.
Le film paraît alors très long. Le cinéma de Fatih Akin transcende ce récit de vedette du rap, de bad boy fasciné par, on l’imagine, le cinéma de voyous, en une fresque cinématographique qui tombe malheureusement dans le piège de la fascination pour ce personnage et son parcours. Il manque hélas de la rigueur pour transformer le sensationnalisme facile de ce film en un romanesque complexe et ionnant.