Embarquant à bord de ce que l'on pense être un mélodrame sensible en costumes d'époque, on est d'abord un peu irrités par le maniérisme de la mise en scène, déstructurant la narration, et les brusques éclairs de modernité qui déchirent le plaisir du récit classique. Lorsque le celui-ci se brise (et superbement...), Joe Wright nous soumet à un traitement beaucoup plus déstabilisant, nous faisant littéralement sentir la perte radicale de repères liée au basculement dans l'horreur de la guerre. La dernière partie vient alors proposer deux conclusions - et donc deux lectures différentes - au récit, le dernier mot, la dernière image (consolatrice ou déchirante ?) restant généreusement à la fiction, qui a pourtant été mise à mal par notre confrontation frontale à la douleur de la narration expiatoire ("Atonement"). "Reviens moi" est un grand film troublant, beaucoup plus ambitieux qu'il ne le paraît, dont on sort indiscutablement marqués. Presque un grand film tout court ? [Critique écrite en 2008]