"Requiem for a Dream" fait clairement partie de la catégorie des films qui laissent une marque indélébile.
L'histoire se concentre sur quatre protagonistes et leur lente descente aux enfers, à laquelle assiste le spectateur au rythme de trois saisons qui symbolisent les étapes progressives de cette dégradation, soit l'été, l'automne et l'hivers.
Il est dommage qu'on ait parfois appréhendé ce long-métrage sous un angle réducteur, gardant juste en tête le message « la drogue, c'est mal » (m'voyez). La drogue, ou d'une façon plus générale l'addiction, est certes l'un des principaux thèmes de l’œuvre, mais, comme l'indique le titre du film, il est avant tout question des rêves brisés d'individus qui tentent d'échapper à leur triste condition par diverses manières, notamment via les éphémères moments d'extase que procurent les drogues dures, et qui se voient brutalement rattrapés par la sinistre réalité.
Darren Aronofsky dresse ici un portrait sans concession de la misère humaine, mettant à nu la vacuité de l'existence que mènent ses personnages, comme en témoigne, pour n'en citer qu'un seul exemple, le cas de Sarah Goldfarb.
Veuve, délaissée par son fils, adepte de la télévision, stimulée par le maigre espoir de figurer sur le plateau de son émission préférée après avoir été victime d'un canular et être devenue accro aux amphétamines, elle ne cessera de s'enfoncer dans la déliquescence, jusqu'à sombrer dans la folie et finir en piteuse état. Les autres protagonistes connaitront aussi à leur façon un destin tragique qui, par le syncrétisme de causes multiples, atteindra son paroxysme dans le dernier quart d'heure, particulièrement éprouvant.
Véritable électrochoc dans l'histoire du septième art, film coup de poing dont on a certes du mal à se remettre, mais assurément une œuvre qu'il faut avoir vu.