Réalisé par l'excellent Gilles Grangier, spécialiste du film noir à la française, cette histoire d'arnaque au faux tableau se laisse voir avec plaisir et parvient même à surprendre, voire à choquer, avec une scène de meurtre assez atroce, plutôt inhabituelle pour l'époque. La distribution est particulièrement bien choisie, avec un Paul Frankeur parfait dans le rôle d'un marchand de tableaux honnête père de famille mené à sa perte par un Michel Auclair qui cache une sacrée dose de malignité derrière ses airs d'escroc inoffensif et plutôt sympathique. Gianni Esposito en faussaire rongé par l'alcool et les remords et Annie Girardot, toujours parfaite même si son personnage aurait gagné à être mieux développé, sont au diapason de ce sombre polar parisien qui n'a rien à envier aux productions américaines avec sa mise en scène limpide et efficace et un scénario qui ménage heureusement quelques moments d'humour bienvenus en s'attardant sur les épreuves domestiques du malheureux galeriste.