Une vie à construire

Alors que la Seconde Guerre Mondiale vient de s'achever et que Tokyo est dévasté, un petit garçon est trouvé par plusieurs habitants d'un quartier et va être pris en charge, sans grande envie, par une quincaillière.


Second film d'Ozu que je vois après Coeur Capricieux d'ailleurs, ce dernier souffrant de quelques lacunes qu'Ozu a eu le temps de corriger entre-temps.


Partant de ce sujet plutôt banal, il en fait ressortir une certaine poésie ainsi qu'un portrait humaniste et réaliste des personnages. Dans ce contexte si difficile d'un pays détruit, à ce point, par la guerre, il montre d'abord l'individualisme et la façon de penser d'abord à soi, avant de mettre en évidence les liens familiaux et l'importance de la solidarité en ces temps si compliqués. Il traite avec justesse et intelligence des rapports, puis l'évolution, qu'auront les deux protagonistes, sans tomber dans un quelconque excès et mettant bien en évidence les particularités des personnages, tant chez ce gamin perdu devenu un fardeau que dans la quincaillière ne voyant d'abord que ses intérêts avant d'avoir une vraie prise de conscience.


Sobre et élégant derrière la caméra, Ozu n'oublie pas quelques touches burlesques et plus légères, il jongle bien entre les différents tons qu'il donne à son oeuvre. Récit d'un Propriétaire trouve aussi son salut dans le portrait de cette société d'après-guerre et la façon dont il capte ses particularités. Il ne fait jamais dans la complication inutile, restant dans la simplicité et l'émotion, le tout avec un rythme adéquat, des acteurs se fondant dans leur rôle et l'impression d'être aux côtés des personnages, à l'image des scènes plus traditionnelles.


D'une grande justesse, simplicité et émotion, Récit d'un Propriétaire permet à Yasujirô Ozu d'étudier le Japon dans l'après-guerre, sa société, ses mœurs et bouleversements et l'importance de la solidarité et de prendre en compte le regard d'autrui.

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le 7 janv. 2017

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Docteur_Jivago

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