Les corp(oratisme)s ingrats

Depuis 2009, les Etats européens ont été contraints de venir en aide aux banques pour éviter leur faillite. La peur d’un effet domino et du cataclysme pousse généralement à l’accepter sans poser de question. Mais à qui profite ces renflouements, d’où viennent les dettes, qui est à l’origine de ces pertes ? Le journaliste et essayiste en économie Harald Schuman présente ce reportage pour Arte où il rencontre plusieurs acteurs concernés et analystes à travers l’Europe.

Le documentaire démontre que ces soutiens financiers considérables profitent aux créanciers des banques sauvées ; et en aucun cas aux pays soutenus, comme l’Espagne ou la Grèce, le plus cité et diabolisé. Le cas de l’Irlande occupe une place d’honneur. La crise traversée par ce pays et la nature de cette dernière ne sont jamais évoquées sur le continent, sinon quelquefois pour pointer une prétendue gestion désastreuse de la part de ce pays et de ses citoyens.

Or l’Irlande a été le laboratoire des cupides à l’origine des crises, celles qu’ils demandent à la collectivité de réparer en rejetant la faute sur les peuples, en nourrissant les clichés et les hostilités à l’intérieur de l’Europe. Les investisseurs se sont précipités sur l’Irlande car il y avait peu d’impôts et de contrôles ; ils ont détruits une économie prospère, souillé une société harmonieuse et fonctionnelle et n’ont qu’à reprocher maintenant à cette Irlande de céder aux sirènes du populisme pour masquer sa responsabilité (aspect que le documentaire ne développe pas). Si l’Irlande en a une, c’est d’avoir été trop accommodante.

Dans le fond, dans une Europe où règne le capitalisme de connivence dont « libéralisme » et « social-démocratie » sont les deux étiquettes, ce phénomène est tout à fait logique, mieux, il est à sa place ! Le marché libre est un beau mythe, il est libre tant que les vraies puissances ne sont pas affectées, celles qui se cachent mais peuvent polluer tout un système. Pourquoi le secret industriel s’applique, là où il y a recourt à l’aide de l’Etat, donc à « l’argent public » ? L’attitude de la BCE est despotique, son action au service d’obscurs intérêts privés. Sa tâche ne consiste plus qu’à renforcer l’endettement des peuples pour ces créanciers de l’ombre. Mais qu’apportent-ils, en tant que membres de la société civile comme en tant qu’institutions ?

Dans cette affaire, les créanciers ne sont pas connus et les investisseurs agissent en toute impunité : leurs erreurs seront réparées de toutes façons, ils ne ent aucune perte. Au lieu de cela, les créanciers et leurs représentants, qui sont maintenant nos états, accusent les pays de ne pas assumer leurs responsabilités et exigent d’eux des sacrifices, sans contrepartie. La situation présente est celle d’une oligarchie préservée et protégée : qu’elle avoue que chaque contribuable ne soit en fait que son ouvrier ; et explique en quoi sa position est légitime. Pour poursuivre sur ce sujet, les plus remontés peuvent se tourner vers America : freedom to fascism, à propos de l’usage de l’argent des impôts.


http://zogarok.wordpress.com/2014/09/29/documents-tv-a-propos-du-monde-de-la-finance/
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le 29 sept. 2014

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Zogarok

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