Le meilleur ami de l'homme, c'est sa mère
Attention, spoiler. Pour ceux d'entre vous (et il y en a) qui n'ont pas vu ce chef d'oeuvre absolu du cinéma américain, cliquez sur la petite croix rouge en haut à droite et allez acheter/louer/emprunter ce film (le téléchargement est illégal). Vous ne serez pas déçu, vous éviterez de découvrir la fin et après tout, c'est bien à cela que doit vous inciter cette critique...
Difficile de parler de ce classique absolu sans tomber dans le déjà dit, redit et répété. La maitrise de la séquence de la douche, sans doute la scène la plus étudiée et parodiée du 7ème art, ce plan si choquant et provocateur sur des toilettes, ce rebondissement subit et inattendu, à peine au tiers du film, dans lequel disparaît la tête d'affiche...
Et pourtant, comment ne pas s'extasier, encore et encore, devant une telle maitrise? Hitchcock n'en est pas à son coup d'essai, mais il réalise un coup de maître. Il invente tout simplement une grammaire visuelle, il dégage le terrain pour des générations de cinéastes, prêts à copier le génie sans nécessairement avoir le talent. Et je ne parle pas uniquement de Gus Van Sant, dont le remake décrié peut malgré tout avoir ses mérites, mais d'une flopée d'indigents ne cherchant pas à cre plus profond, et réutilisant tel quel certains effets visuel, en ternissant la profonde beauté en les ringardisant.
Mais n'oublions pas qu'à la base de tous ces nanards, il y a ce bijou, tel un diamant perdu dans une déchetterie. La mise en scène, d'une sobriété totale, ne perd jamais de son efficacité. Seule la scène du meurtre de la douche souffre d'un sur découpage, et encore celui ci ne fait qu'en accentuer la dramaturgie. Les angles de prises de vue, les cadrages, sont à chaque fois superbement mis au service de l'action. J'en veux pour preuve cette scène de dialogue dans le salon de Bates, entre Marion et Norman, ou Hitchcock parviens, en seulement six angles de vue, à distiller une sensation de malaise grandissant. Autre coup de génie : l'utilisation répétée des miroirs dans lesquels se reflètent sans cesse les protagonistes, une mise en abime de la folie de Bates.
Les acteurs sont tous excellents, Anthony Perkins en tête bien sûr, dans le rôle qui lui aura apporté une renommée éternelle tout en tuant sa carrière d'acteur. La musique d'Hermann est un classique instantané, et rythme la partition que déroule le réalisateur sous nos yeux dans des thèmes stridents parfaitement maitrisés.
Je pourrai probablement parler de ce film pendant des heures, en analyser chaque plan, chaque scène, chaque cadre dans son unité, mais je préfère me répéter : ce film est un chef d'œuvre, sans doute l'un des plus grands du cinéma, et son éclat ne s'est pas terni avec le temps. Tel un diamant, Psychose est éternel...