Vu par hasard, j'ai été troublé par la sincérité du film d'Alice Winocour. Une dualité entre la mère et l'aventurière. Presque filmé comme un documentaire, sans étoffer le scénario d'une intrigue extraordinaire, Proxima observe le processus de séparation d'une mère astronaute avec sa fille unique, tout en mettant en parallèle le parcours du combattant pour pouvoir décoller de la terre. La réalisatrice rend hommage aux femmes, à ces super-héroïnes des temps modernes qui embrassent leur destinée dans un monde ultra-masculin. J'ai beaucoup aimé comment la réalisatrice a filmé de façon épuré cet entrainement quasi surhumain, puissamment motivé par l'instinct maternel. Alors certes, il n'y a pas de rebondissements mais la force de l'invisible suscite toute notre attention. Personnellement, je ne me suis pas ennuyé et j'ai été hypnotisé par la simplicité de son actrice principale. Contrairement au récent Ad Astra de James Gray où le lien du sang réunissait un père et son fils aux confins de l'espace, Proxima témoigne du lien ombilical et fusionnel qui se scinde délibérément à l'aube d'une excursion spatiale. Une parcelle d'intimité face à l'infiniment grand. Dans cette sobriété, Eva Green est flamboyante de justesse et de détermination. Ca fait du bien de la voir dans un rôle dénué de tout jeu de pouvoir et de mysticisme. Pour le coup, j'ai eu l'impression de la redécouvrir, notamment dans sa sensibilité. Par contre, Matt Dillon est vraiment secondaire mais on retient les belles présences de Zélie Boulant et Lars Eidinger. Alice Winocour met superbement en exergue le lien maternel au travers d'un contexte original et exclusif. Qu'on apprécie ou non ce regard, la réalisatrice pose une empreinte singulière et profonde qui promet des prochains films riches en émotions.