Avant de plonger dans le vif du sujet, le masqué va vous prévenir : Presence va à total contre-courant de sa classification épouvante/horreur.
Pire, il semble la trahir, tout comme sa bande-annonce.
Le film est aussi peut-être au contraire vendu d'exécrable manière par son distributeur français, voire même par son studio, dans une volonté de classement immédiatement identifiable et de simplisme désolante. Mais surtout, ne croyez pas ce que l'on tente de vous faire avaler. Car en achetant votre ticket pour voir le film, il faudra faire le deuil de vos envies de frissons et de peur.
Même si Steven Soderbergh fait évoluer un fantôme à l'écran. Même s'il semble que la maison du film soit hantée.
L'originalité, c'est que le fantôme que l'on vous suggère, c'est la caméra de Soderbergh, dans un point de vue « à la première personne » et évoluant de l'un à l'autre des membres de cette famille dans de longs plans séquences.
Mais si l'on ne frissonne pas devant Presence, on s'interroge et l'on devient curieux. Car après avoir compris, au fur et à mesure, que la peur ne sera pas là, on se demande où Steven Soderbergh va bien pouvoir nous emmener et de quelle autre matière il va bien pouvoir nourrir son film.
Et l'on se rend compte, après avoir eu l'impression, par instants que le film convoquait Paranormal Activity ou encore A Ghost Story, que Soderbergh, finalement, exécute une véritable radiographie.
Celle de la famille qu'il met en scène, tout d'abord, qui a dans un premier temps tout de l'idéal américain, avant d'en discerner rapidement les secrets, les failles, les fêlures et le manque de communication qui la ronge.
Une famille qui s'avère au bord du gouffre, prête à craquer et dont les relations conflictuelles, les petites lâchetés et les renoncements la minent de l'intérieur.
Et puis il y a ces portraits d'adolescents, habités chacun d'un malaise palpable ou d'une incapacité à demander de l'aide. Qui évoluent dans une atmosphères austère et dont les conversations qui instillent bien plus le malaise que les rares manifestations ectoplasmiques du film. Les vignettes que livrent Steven Soderbergh, loin de l'épouvante annoncée, évoquent bien, dès lors, une atmosphère dépressive frontale, une perte de repères et de contrôle boostée par la violence des mots quand on parle de véritable harcèlement scolaire ou de pulsions de mort.
Un triste constat que Soderbergh a aussi voulu, peut être, appliquer à l'ensemble de la société (seulement américaine ?) qui dévore ses ados et les transforme en fantômes de leur propre vie.
Ainsi, Presence présente bien un point de vue terrifiant, même si ce n'est pas celui qui vous a été promis.
Behind_the_Mask, ghost house picture.