Richard Chance est un flic tête brûlée, obsédé par la traque du faussaire Rick Masters. Le jour où son co-équipier est abattu alors qu'il menait une opération en solo, Chance, décide de mettre toutes les chances de son côté pour appréhender sa cible, quitte à enfreindre la loi...
Je ne sais pas très bien comment placer mon curseur à propos de ce film qui s'est rapidement trouvé victime de la mouvance à laquelle il a contribué. Le film commence et très vite, on pense à Michael Mann. Non seulement à cause de la présence de William Petersen, d'un plan hélicoptère de nuit au dessus de L.A. mais, bien sûr, la cause principale étant la relation amicale entre les deux policiers, rappelant fortement non seulement Miami Vice mais aussi deux flics amis amis et c'est là que le bat blesse.
Les postures genre Axel Foley, les looks coco genre Mickey Rourke habillés ou Kim Bassinger à poils dans 9 semaines et demi, l'esthétisme des flingues et du tabac genre Clint Eastwood et, bien sûr, la plus grande star du film, la musique genre Tech Noir (avis aux connaisseurs) outrageusement présente à chaque interstice entre les dialogues aspirent sans concessions toutes les qualités inhérentes d'un film de William Friedkin vers les profondeurs d'un film bas de gamme de l'époque. Tout ceci, sans compter l'évolution des mœurs depuis.
Sans être du genre à m'attacher aux détails, j'ai pris un énorme coup de vieux quand Grissom regarde l'heure à l'intérieur de son poignet. Inimaginable pour certains, ce geste appartient, en ce qui me concerne, à l'époque où j'apprenais à lire l'heure (au sens propre comme au figuré, donc).
Jusqu'ici, ok, j'adopte l'attitude pas de pitié pour les croissants, mais rien que de penser à l'histoire du policier (moustachu de surcroit) qui va bientôt prendre sa retraite, que son meilleur ami et coéquipier lui offre une canne à pêche deux jours avant alors que tout le monde sait que ça porte malheur et qu'en étant son meilleur ami, il avait tout le temps de lui faire un cadeau plus tard ne m'incite pas à développer ma sympathie, surtout qu'ils viennent d'exploser un de mes congénères arabes pour sauver la peau de Reagan, sûrement pas le meilleur représentant de mon coté
caucasien.
Mais, j'avoue ça reste un film de William Friedkin, qui, là où il peut s'exprimer hors des contraintes de l'époque, n'y va pas avec le dos de cuillère. Sans cette tête fracassée dès le début, mon intérêt aurait rapidement décru et je n'aurais pas pu laisser de chance à la deuxième partie du film, autrement plus nerveuse. Hasard ou pas, rythmée par une meilleure musique. Bien sûr, il y a cette course de voiture, mais il y a surtout la prise en compte de la transformation des personnages sous la pression de la violence inhérente au milieu décrit, ce qui nous amène à une fin autant surprenante pour les uns qu'inattendue pour les autres.
Presque une déception pour moi qui m'attendais à voir les deux flics se promener sur la plage, main dans la main, mâchouillant chewing-gum et clopes en pensant que c'était trop bien ce qu'ils viennent de vivre (les couilles qui remontent dans la gorge, dixit Chance) avant de faire une dernière chorégraphie pour prouver à quel point c'était cool les 80's