Je prends un film au pif dans mes piles de dvd en attente, un truc pas trop ambitieux a priori, histoire de me divertir un peu, on y va mollo. Je ne sais pas bien ce que je vais voir, si ce n’est que c’est de la SF. Rien de mieux que de partir en terrain vierge, j’ai besoin de surprise. Le titre français est pourri mais Screamers a déjà plus de gueule, me faisant penser à Scanners de Cronenberg, c’est déjà pas si mal (j’ai appris par ailleurs que le réalisateur, Christian Duguay, que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam, a réalisé des suites de Scanners).
On est en 2078, avec un univers post-apocalyptique comme je les aime. Il faut bien dire que l’histoire prend du temps à se fixer, c’est un peu fumeux au début, avec pas mal d’éléments pas très clairs, et dont ce vaisseau s’effondrant sans réelle explication dans le film juste devant la base n’est pas la moindre bizarrerie. Mais l’ambiance, glaciale, les screamers, que je vous laisse découvrir, le mystère de la situation, ainsi que des personnages comme celui incarné par Peter Weller maintiennent l’attention qui aurait pu facilement être détournée. L’intrigue progresse alors, la paranoïa s’installe, jusqu’à un final toutefois décevant, car le scénariste a voulu briller : on croit au happy ending (trop facile) puis surviennent deux improbables rebondissement avant la « victoire » finale et l’annonce peu subtile d’une suite. Un quart d’heure de trop, à mon avis…
Malgré cette fin pathétique et tous ses défauts, j’aime bien ce film. Certes, on voit le manque de moyens, les effets spéciaux sont ce qu’ils sont (peut-être corrects pour l’époque), les décors en toc, mais le réalisateur a quand même réussi à instiller une ambiance. Les dialogues ne sont pas aussi nuls que certains le disent, le casting est plutôt bon, avec notamment un Roy Dupuis excellent, avec ses faux airs de Kurt Russel dans The Thing (en plus sinistre). Je n’en dirai pas autant d’un de ses collègues qui surjoue en flippé. J’aime bien la gueule des mecs, les coupes de cheveux, les uniformes qui veulent faire un peu vieillots, j’aime bien la réalisation, les angles de caméras, la composition des plans plus travaillée qu’on ne pourrait penser ; j’aime bien la musique parfois un peu décalée. Il y a un côté kitsch dans ce film, et j’ai bien l’impression que le réalisateur l’assume pleinement, la considérant sans doute comme sa touche personnelle, ce qui globalement ne me déplait pas, car ce n’est pas trop lourd, juste ce qu’il faut de côté décalé pour apporter une dimension supplémentaire au film.
Après m’être renseigné, et lu deux trois choses sur la toile, car je suis curieux, j’apprends que le film est tiré d’une nouvelle de Philip K Dick. Pas très surprenant, ce sont des thèmes a priori récurrents chez cet auteur, l’évolution technologique, la création d’androïdes, la perte de contrôle par l’homme, auxquels s’ajoutent ici le côté angoissant d’un The Thing de Carpenter. Ici, les choses, ce sont des blade things.