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Film de David Yarovesky sorti en 2025. Je ne connais rien du réalisateur ni du film argentin dont, semble-t-il, d'après Wikipedia, "Piégé" serait le remake.

Le scénario peut se résumer de la façon suivante : un homme jeune, Eddie, véritable looser, père d'une petite fille et divorcé de la mère, est à la dérive et tente de voler une voiture luxueuse de type SUV. Malheureusement pour lui, le véhicule se ferme emprisonnant l'homme. Le propriétaire du véhicule se manifeste. Lassé des nombreux actes de vandalisme à son endroit, il a décidé d'équiper son véhicule de différents blindages et automatismes pour "piéger", maîtriser et punir le voleur qui tentera de s'en emparer…

Ma seule hésitation pour aller voir ce film était le mot "horreur" qui le caractérisait, ce qui, à la fin, m'a paru tout-à-fait exagéré. Je me trompe peut-être mais, dans mon imaginaire, un film d'horreur ce n'est pas ça du tout. Pour ranger "Piégé" dans une catégorie, j'utiliserai plutôt les mots "thriller violent", à la rigueur film noir mais surtout film huis-clos.

Huis-clos, c'est évident puisque l'action se déroule principalement à l'intérieur d'un lieu unique avec un occupant (le looser Eddy) et un deuxième personnage dont on entend la voix pendant les trois quarts du film et qu'on finit par voir à la fin.

Les deux acteurs correspondant sont Bill Skarsgård pour le jeune voyou et Anthony Hopkins dans le rôle du propriétaire du véhicule.

Au-delà de l'histoire proprement dite, à savoir le jeune homme qui se fait piéger par un propriétaire irascible qui veut se venger, le film interpelle à plusieurs niveaux.

D'abord, il s'agit d'un choc frontal classe contre classe. Le jeune s'estime de la classe populaire puisqu'il en est réduit à voler les riches (qui se sont largement servis aux dépens des pauvres, etc etc) pour survivre. D'ailleurs il revendique explicitement un certain droit à voler le bourgeois Anthony Hopkins. Même si au fond, il est tout aussi rejeté et méprisé par ses semblables (sa femme, le garagiste chez qui il est client, …). Tandis qu'Anthony Hopkins prend en main la défense de sa classe qui se fait dépouiller sans aucun recours à cause d'un certain laxisme de la société, mal défendue de son point de vue, etc etc.

On comprend bien le message politique de Yarovesky sur l'autodéfense, d'autant qu'il ne fait rien pour que le spectateur éprouve la moindre empathie pour le jeune looser. C'est un point que j'ai personnellement vérifié pendant la projection car le jeune n'est vraiment pas à son avantage … On a peine à l'imaginer en victime car on sent que, s'il le pouvait, il se poserait vite en profiteur sans aucun scrupule et prendre la place du bourgeois.

Mais au-delà de ce message politique autour de l'auto-défense se pose un autre débat plus métaphysique à partir du commandement "tu ne voleras pas". Jusqu'où un homme, indépendamment de la société et de ses lois à laquelle il appartient, peut-il aller pour punir le voleur ?

Ce sera d'ailleurs une faiblesse du film qui n'apportera pas la réponse du cinéaste à ces questions intéressantes. Le cinéaste nous a entrainé au milieu du gué et nous y laisse avec un voleur qui finit par faire semblant de se repentir pour amadouer le vieux et un propriétaire, finalement émouvant dans sa fureur, peu désireux de comprendre le jeune.

Et ce n'est pas la fin un peu trop conventionnelle qui résoudra l'équation.

Pour conclure, le film est bien construit autour de plusieurs questions finalement bien actuelles et le suspense bien mené autour du devenir des deux acteurs Hopkins et Skarsgård que j'ai trouvés très bons. Donc, pour moi, c'est un bon film intéressant.

Quant aux réponses que Yarovesky n'a pas donné, je dirai bien, à l'instar d'une affiche de sécurité qui recommandait de "se méfier d'un mécanisme inconnu", que, le mieux, c'est de ne pas entrer dans un véhicule qui ne nous appartient pas, même si les portes sont déverrouillées … Mais j'ai bien conscience que j'ai, moi aussi, superbement esquivé la question !