Envolée lyrique parmi les fêlés le Pikunikku selon Shunji Iwai est un très joli morceau de cinéma faisant fi des conventions et des concessions ; un film d'une liberté folle, de forme anguleuse et de tonalité pratiquement éthérée...
Tâche ardue que d'écrire autre chose qu'un simple éloge au sujet de Pikunikku, tant la beauté des plans, l'atmosphère et les comédien(ne)s communiquent leur talent et leur efficacité avec évidence. Le film nous fait partager les raisons et les déraisons d'un trio de trublions tout droits sortis d'un asile au coeur duquel le blanc est à la mode. Entre deux compagnons de cellule se fichent élégamment une femme sertie de plumes de corbeau ( Chara, somptueuse...), et une agréable flopée d'audaces visuelles, sonores et musicales ( on pense régulièrement aux plus belles partitions de Joe Hisaishi à l'écoute de Pikunikku ).
Voilà donc la preuve d'un immense talent de cinéaste de la part de Shunji Iwai : travellings grisants, mise en scène en perpétuelle renouvellement d'une séquence à l'autre, rythme impeccable... On aurait simplement aimé que le film soit rallongé de quelques minutes, tant l'excellence de l'ensemble laisse un sentiment de frustration face à cette fin visuellement ravissante mais un brin expéditive. Très bon malgré tout.