Ah que tu ressembles à ma femme dis donc

Sur le papier ça paraissait pas mal du tout cette histoire de femme défigurée, rescapée miraculeusement des camps, qui change de visage et n'est pas reconnue par son mari. Sauf que ça ne fonctionne pas très bien : difficile de croire en un tel aveuglement de la part de Johnny, le mari. Car enfin, quelqu'un que l'on a aimé des années ne se résume tout de même pas à un visage. C'est aussi une voix, des mains, des yeux, une démarche, une personnalité...autant de choses qui sont justement là, sous les yeux de Johnny ! Bien sûr, le scénario joue sur le fait qu' il repère la ressemblance avec son ex-femme (et le profit qu'il peut en tirer) mais on ne peut pas s'empêcher de se dire qu'il n'est pas perspicace pour un sou de ne pas la reconnaitre complètement ! Et vu qu'il est aussi vénal que brutal, on se demande ce qu'elle a bien pu lui trouver comme charme pour en faire son mari adoré.
J'ai espéré un temps que le film nous amène dans des chemins plus tortueux qui nous auraient par exemple montré un Johnny ayant bien reconnu sa femme mais faisant mine que ce ne soit pas le cas, une sorte de jeu de dupes (comme dans Mademoiselle par exemple, pour ceux qui l'ont vu). Mais non, Phoenix en reste au cran premier de la psychologie - et donc très loin du Vertigo auquel on le compare à tort - et l'on regrettera que les relations entre tous ces personnages pourtant remarquablement interprétés restent aussi peu creusées et explicitées. Une paresse de la mise en scène d'autant plus dommageable que Christian Pedzold montre dans quelques ages ici et là une sensibilité intéressante comme dans cette très belle scène où les masques tombent enfin sur la magnifique chanson Speak low. Dommage.


Scénario/histoire : 4/10
Personnages/interprétation : 5/10
Mise en scène/réalisation : 6/10


5 /10

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le 13 janv. 2017

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Theloma

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