Une preuve de la puissance de l'imagination créatrice

Je suis entré dans la salle pour voir Pauvres créatures avec quelques inquiétudes : on ne sait jamais trop ce que Yorgos Lanthimos nous réserve.

Ces inquiétudes se sont trouvées renforcées par de premières images marquées par un formalisme extrême : esthétique rétro-futuriste, utilisation de moyens techniques d'un kitsch abouti (fish-eye, zooms et dezooms, cadrages improbables), jeu outré de la plupart des acteurs, trouvailles visuelles au quatre coins du cadre. Visuellement le film se situe quelque part entre Anette de Carax (en plus barré) et l'univers de Tim Burton (en plus pastel). La première réaction de surprise ée, j'ai pris un grand plaisir à savourer les multiples variations de cette esthétique étrange : Londres, Lisbonne, Alexandrie, Paris sont successivement revisités avec une grande réussite.

Mais le point fort du film, c'est sans conteste l'évolution du personnage jouée par l'incroyable Emma Stone, d'une créature enfantine dans un corps d'adulte à celui d'une femme accomplie qui aura conquis son indépendance par la seule force de sa volonté. Pauvres créatures possède une véritable souffle qui séduit par sa puissance et sa capacité à durer tout au long de ses 2h21.  

J'ai donc été progressivement conquis par les aventures de Bella, la liberté de ton de la narration (le sexe est omniprésent), les rebondissements de la dernière partie, l'alternance de noirceur morbide et de gaieté rayonnante et finalement la cohérence du projet artistique.

Il faut une sacrée confiance en la puissance de l'imagination pour oser une pareille production.


2000 autres critiques sur Christoblog : http://www.christoblog.net/

9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2024

Créée

le 11 févr. 2024

Critique lue 27 fois

2 j'aime

1 commentaire

Christoblog

Écrit par

Critique lue 27 fois

2
1

D'autres avis sur Pauvres Créatures

Stoooooone, le monde sera Stooooooooooone... le 17 janvier

"Pauvres créatures" c'est : - Emma Stone comme on ne l'a jamais vue.- Des animaux deux en un (J'ai commandé un coq-bulldog pour Noël).- Un discours très dans l'air du temps, mais traité ainsi c'est...

Par

le 29 nov. 2023

151 j'aime

15

La troll ingénue

Yórgos Lánthimos appartient à cette catégorie de cinéaste dont on attend toujours le prochain pitch avec une excitation curieuse. Son univers décalé, mêlant le surréalisme aux angoisses...

le 19 janv. 2024

106 j'aime

2

Patriarcaca à cringeland

Bonne représentation du patriarcat qui assujettie, enferme et domine les femmes dans tous les sens du terme. J’ai trouvé très dérangeante l’approche de ce vieux mec vers une femme-enfant, très...

Par

le 26 janv. 2024

98 j'aime

48

Du même critique

Magnifique, démesuré et d'une vulgarité éclatante

A quelles conditions aimerez-vous Megalopolis ?Si vous aimez les films dont rien ne dée, cohérent de bout en bout, maîtrisé et de bon goût, alors n'allez pas voir le dernier Coppola.Si au...

le 24 sept. 2024

48 j'aime

8

Un film sûr de sa force, et un peu creux.

Leto est un bel objet, qui plaira aux esthètes, aux journalistes de rock, aux défenseurs de Kirill Serebrennikov (le réalisateur du film, persécuté par le pouvoir russe), aux fans d'Iggy Pop, aux...

le 7 déc. 2018

38 j'aime

8

2h45 de vie volées à chaque spectateur par ce qui se rapproche le plus de la torture au cinéma

Mes plus anciens lecteurs savent la force de mon ressentiment envers Albert Serra, depuis une séance calamiteuse du Chant des oiseaux, durant laquelle j'ai cru mourir d'ennui.Mais n'étant pas...

le 18 nov. 2022

35 j'aime

8