En prenant à bras le corps le sujet tout autant féministe que philosophique de Pauvres Créatures, Yórgos Lánthimos aurait pu sombrer dans l'apologie stéréotypée de la féminité. Sauf que le cinéaste grec est un artiste follement intelligent, profondément sensible, terriblement subversif et indiscutablement créatif. Son sujet, il le traite avec une maestria extrêmement rare et infiniment drôle. Pauvres Créatures n'est pourtant pas une comédie. C'est une odyssée immorale et impudique qui procure un bien fou face à l'ultra conformisme sociétal dans lequel nous pataugeons actuellement. Pauvres Créatures, c'est la libération de l'âme. Ni plus, ni moins.
Bella Baxter est une femme-enfant (très) spontanée qui a été sauvée de la mort par son père adoptif, un chirurgien et enseignant défiguré qui expérimente les soins les plus contre-natures qui soient. Promise à un élève de son paternel, le trop sage et catholique Max McCandles, Bella se voit désorientée par ses pulsions sexuelles qu'elle décide brusquement de matérialiser en compagnie d'un avocat libertin qui l'embarque dans un licencieux voyage. Une pérégrination qui se métamorphose en quête existentielle au fur et à mesure des rencontres que la jeune femme provoque...
Bella, c'est la prodigieuse Emma Stone n'hésite pas une seule seconde à se mettre à nue, au sens propre comme au figuré, reléguant définitivement la pudeur hollywoodienne au vestiaire.
Et si l'on pense néanmoins visuellement à un mix des univers de David Lynch, Terry Gilliam . Du fond du cœur.