Duel au crépuscule

Billy parcourt le pays. Pat est à ses trousses. Deux légendes vont s'affronter et la nouvelle parcourt le pays avec eux. La mort aussi est avec eux. Mais allons-y tranquillement, profitons des maigres distractions subsistantes d'un monde qui semble devenir poussière sous leurs yeux. Après tout, autant retarder le chant du cygne en toute lassitude puisqu'il n'y a plus rien à gagner à part tuer toujours plus de monde. Autant faire monter le compteur en liquidant tous ces vieux cowboys inutiles et sans avenir... La mélancolie du temps où ils étaient amis est aussi avec eux... Billy s'arrête devant une petite baraque paumée, où naturellement toute la famille présente le connaît bien. On lui propose amicalement une petite pause déjeuner pour reprendre des forces... "Ah vieux bigleux, tu es là aussi, quelle coïncidence"... Le vieux bigleux poursuit son café puis se lève : "Bon allez, faisons ça maintenant, de toute façon..". Une scène à priori anodine, où la mort plane pourtant de façon si réaliste et limpide, frappante, certaine dès le premier pas dans la pièce. Peu importe même comment se déroulera le duel. Deux hommes étaient amis autrefois, les temps changent. Aujourd'hui, l'un a vu l'autre apporter la mort à table, avec le sourire, rien qu'en mangeant.

Toutes les scènes sont de la même teneur et plus puissantes encore. C'est un peu la frontière entre l'humanité, le réalisme du quotidien et la beauté poétique du western classique et l'outrance magnifique, le fatalisme désenchanté, la décadence, la violence et la beauté mélancolique du western Italien.

Billy s'éloigne à cheval au crépuscule et tandis qu'il disparait dans le noir, son reflet apparaît dans un lac. La tête en bas, il s'arrête un instant, puis repart et resurgit finalement du noir pour redre son reflet en traversant les eaux. Sublime testament d'un héros hors la loi en un plan.

Bob Dylan, magnifique, est le seul lien persistant d'innocence qui relie humainement les deux monstres, à travers sa seule présence ou simplement sa musique. Ma-gni-fique, et je suis loin d'être un fan de Bob Dylan.
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le 19 janv. 2011

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drélium

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