Parthenope
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Parthenope

Film de Paolo Sorrentino (2024)

La Sirène, le Professeur et le Cardinal !

Dire que le cinéma de Paolo Sorrentino n'est pas mon verre de chianti est un euphémisme. Disons qu'il possède quelques qualités indéniables, faisant qu'il est dommage que le reste ne soit pas du tout à la hauteur.


Ses qualités indéniables se retrouvent surtout dans l'aspect formel, sachant réussir de superbes images ensoleillées que des séquences plus sombres, dans lesquelles le contraste entre ombre et lumière est bien mis en scène.


Par contre, ses défauts, qui sont pour moi rédhibitoires, concernent l'écriture et la narration. Alors, je sais que le réalisateur a ici pour ambition, à travers son protagoniste féminin, Parthenope, d'offrir une allégorie de la ville de Naples (le titre, faisant référence à une sirène de la mythologie grecque, particulièrement liée à cette métropole, est suffisamment explicite pour qu'on le comprenne !), où l'intégralité du long-métrage se déroule, en révélant ses beautés, plus ou moins cachées, ainsi que ses côtés les plus troubles.


Mais bon, ce n'est pas une raison pour que les premières soixante-quinze minutes se résument quasiment à mettre en exergue combien l'héroïne a sacrément touché le jackpot de l'EuroMillions pour ce qui est d'être gâtée par la nature (je m'attendais même quelquefois à ce que certaines scènes se concluent par la prononciation d'une marque d'un parfum français, dite par la jeune femme, avec un accent à couper à la tronçonneuse... oui, à ce point-là !), que la très grande majorité des personnages masculins qu'elle croise veut se la faire. C'est bon, Paolo, pas la peine de répéter mille fois une évidence bien évidente, j'ai des yeux. Et ces derniers ont été charmés, comme ce n'est pas permis, par Celeste Dalla Porta. Bon, OK, je l'avoue, je trouve que c'est une des plus belles femmes que j'ai vues de toute mon existence. Voilà, c'est dit. Si je dois attribuer un très bon point à Paolo, c'est pour le choix de cette actrice. J'espère de mon cœur que c'est le début d'une belle carrière. Sérieux, elle est sublime.


Je e très vite sur le personnage incarné par Gary Oldman, d'une inutilité complète, en plus d'être incroyablement mauvais dans son rôle, avec son cabotinage vite embarrassant et indigne de son immense talent habituel, pour aborder les autres personnages secondaires, ceux qui apparaissent lors des soixante-quinze minutes susmentionnées, qui ne sont pas creusés du tout. Et je ne parle pas de personnages a priori insignifiants, je parle de membres de la famille du personnage principal et de ses amours. Ce sont uniquement des silhouettes fades, sans personnalité, qui font acte de présence, de temps en temps, dans le champ de la caméra. Symptomatique de ce gros problème, quand un des proches meurt tragiquement, je n'en ai rien eu à foutre, mais d'une puissance. Je ne peux pas m'attrister sur le sort de quelqu'un que je n'ai pas eu la possibilité de connaître.


Et ce qui met encore plus en avant cet aspect grandement foiré, c'est que les scènes se déroulant dans l'université de la ville, lors desquelles Parthenope s'affirme être une brillante étudiante, sont très réussies, très touchantes. À partir de là, Sorrentino semble se réveiller (tout comme moi d'ailleurs !) et donne enfin un personnage secondaire superbement bien approfondi, à savoir le professeur et directeur de thèse. Les relations entre le protagoniste féminin et l'universitaire fonctionnent à mort (en outre, bien servies par une excellente dynamique de jeu entre Celeste Dalla Porta et Silvio Orlando !). Le tout en les entrecoupant d'une confrontation, avec un cardinal concupiscent et sacrilège, assez bien approfondi aussi. C'est vraiment regrettable que le Monsieur n'ait pensé qu'à démarrer son film aussi tardivement.

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le 12 mars 2025

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Plume231

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