Tel un adolescent qui abandonnerait ses poèmes à une mer tranquille, point de départ et d'arrivée tranquille dont le bruit des vagues est comme un drap bordant, un cadre sonore, Paolo Sorrentino poursuit l'exploration de sa recette éternelle. Celle qui unit les oxymores, qui fait se rencontrer dans un même geste ample, le vulgaire et l'élégance, le laid et le beau, le léger et le profond, le risible et le grave, le fugace et l'éternel. Celle qu'il ne réussit pas toujours, sa main parfois trop lourde sur quelques ingrédients.
En dessinant à traits fragiles la vie d'une héroïne quasi mystique qui ne cochera aucune des cases auxquelles on l'istre et dont il ne semble plus pouvoir se détacher, il laisse libre cours à son imagination, parfois folle, parfois démesurée, parfois malsaine.
Ne s'encombrant pas de finesse, ses métaphores, son ambition et ses fantasmes sont explicites, rendant, malgré l'embarras que leur traduction en regard peut provoquer, son cri d'amour à la femme, à la beauté, à Naples, à la jeunesse, bruyant de sincérité.
Là où le silence et la beauté anecdotique faisait la grâce indicible de ses précédentes œuvres, Sorrentino tire ici nos larmes de l'ennui qu'il provoque grâce au chapelet de phrases fortes car définitives qu'il fait dire solennement à ses personnages désabusés.
Parthenope est donc ce recueil de poèmes lancé dans les vagues, cette litanie adolescente bavarde, déséquilibrée, malade d'un rien, terrassant de beauté, où la mélancolie, la peur du temps qui e, la perte du désir et celle de la beauté qui l'accompagne se conjuguent au futur.