Il y a longtemps que je n'avais pas pleuré....

J'étais vraiment partie pour aimer ce film, je n'ai pas été déçue ! Difficile d'aimer le travail de ce réalisateur plus que je ne le faisais déjà, et pourtant...On m'a toujours parlé de ce film comme un de ses meilleurs, sinon Son meilleur ; en effet il n'a pas fallu longtemps pour qu'il e dans la haut de ma liste... Almodovar m'avait déjà interpellée, étonnée, subjuguée, choquée, attristée et même fait rire, mais jamais encore il ne m'avait vraiment fait pleurer. Comment expliquer à quel point ce film bouleverse, et ce dès la première scène, où la couleur est annoncée par le merveilleux « O let me weep » de Purcell. La musique sera d'ailleurs tout au long un véritable petit bijou, sublime navire de toutes les émotions.

L'amour est ici d'une force ! Un amour qui mène à faire des folies, comme le montrent les ravages qu'il peut engendrer sur ceux qui en sont victimes. « L'amour est ce qu'il y a de plus triste quand il a disparu » : c'est le propos qu'illustrent les deux protagonistes masculins, acteurs absolument brillants et personnages plus attachants qu'il est possible.

Là où l'on devrait être outrés, on se montre emplis de comion envers ce Benigno, qui amené au pire, va aussi permettre au meilleur de se produire. Il est d'une simplicité touchante, et sa foi en la vie et l'amour est absolument magnifique. L'ouverture au monde de l'art qui s'opère en lui est remarquable, tout comme ses récits de spectacles lorsqu'il est auprès d'Alicia.
Marco est d'une justesse frappante. Un personnage qui nous fascine par son amitié inconditionnelle envers Benigno, on l'aime tant qu'on partage ses sentiments, on reçoit en même temps que lui les chocs. Ses larmes sont des plus vraisemblables, c'est rarement le cas alors comment peut-on ne pas mêler les nôtres aux siennes...

Quel talent pour magnifier ce qu'il peut y avoir de pire, quelle légèreté dans la gravité, et surtout quelle facilité à nous convaincre d'apprécier des personnages dont le comportement devrait à priori nous en dissuader !

On retrouve d'Almodovar les couleurs et l'expression crue de la violente réalité dans ce monde plus masculin qu'à l'ordinaire, malgré l'omniprésence muette de la femme. Mais c'est là encore un autre univers, décidément il nous étonnera toujours...

Ce film est d'une puissance rare, impressionnante. Les larmes m'ont été brutalement arrachées au son de la voix de Marco, elles ont creusé des sillons qui depuis un certain temps étaient chez moi restés étanches face à un écran de cinéma. Comme si l'on m'avait rendu la capacité de pleurer devant un film... Je suis restée plongée dans un état second, et bien longtemps encore après la fin du film. Une véritable douleur s'empare de nous, notre coeur crie à l'injustice, etune tristesse sans nom nous envahit pour ne plus nous quitter....
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le 9 mars 2012

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emmanazoe

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