Kore-eda et Bong Joon-ho sont des cinéastes très différents, mais tous les deux extrêmement talentueux et dont leurs films récemment palmés ont pas mal de points communs, à commencer par le portrait d'une famille amorale dans une société où la fracture entre pauvres et nantis est de plus en plus béante. Mais foin des comparaisons, Parasite est avant tout un film qui porte farouchement la signature de Bong qui y transcende de nombreuses thématiques développées dans ses oeuvres précédentes. Le plus irable est sans aucun doute la maîtrise du mélange des genres et la splendeur d'une mise en scène, jamais outrageusement voyante, pourtant, et presque entièrement confinée entre les 4 murs d'une somptueuse maison qui pue littéralement la réussite financière. Et quoi de plus jubilatoire que de voir la Corée d'en bas envahir cet espace avec sa tribu incongrue mais ô combien rusée. La fluidité de Parasite est exceptionnelle, cachant dans ses recoins une complexité narrative ébouriffante qui ne l'étouffe jamais avec son tempo de thriller qui sait ménager des pauses avant de repartir de plus belle avec moult surprises à la clé et un mauvais esprit (quoique) permanent. Il y a un côté inhumain dans ce film ou plus exactement tellement humain qui est irréfragable et quasi insoutenable si ce n'était l'humour noir et l'aspect ludique qui sont permanents. Comédie sociale XXL, avec ses private jokes (les actualités de Corée du Nord), Parasite est d'une richesse insensée et confirme la puissance d'un cinéaste qui n'est pas loin d'être le meilleur au monde actuellement, si tant est qu'un qu'un classement puisse être établi en la matière.