Bonjour.
Un film difficile, sans doute parce qu'il tente, au-delà des cocotiers et des vahinés modernes, de nous montrer peu à peu les dessous d'une population stratifiée, à l'image d'un pouvoir local, entre jeunes et anciens, entre pouvoir politique central et l'armée, entre politique nationale et stratégie internationale.
Le film est à l'image de la Polynésie Française : un carrefour sensible et complexe, sous ses fleurs tropicales et sa couleur locale, sous sa dépendance réciproque avec la métropole, sous ses aspirations d'indépendance peut-être pas aussi spontanées qu'on pourrait le croire ou le faire croire.
Ça fait un beau millefeuille. Et, comme le millefeuille, le film est insaisissable, un peu sec à avaler.
C'est sans doute son plus grand mérite : ne pas faire étalage d'une simplicité qui n'existe pas.
Par contre, les œuvres de fiction ont cet avantage de pouvoir exposer au grand jour les incertitudes, les doutes, les sables mouvants de certaines réalités sociales, politiques, stratégiques, et tout ce que l'on n'aperçoit pas forcément de façon évidente. Les deux monologues de la fin sont là pour déchirer le rideau de scène sur des coulisses cinquantenaires encore d'actualité.
Voilà pourquoi ce film peut être vu avec intérêt, comme un regard sur un coin d'actualité permanente sur lequel les médias s'étendent peu. Et pour cause.
Une comparaison qui vaut ce qu'elle vaut : dans une autre mesure et pour certaines raisons qui ne sont pas toutes communes aux deux îles, il serait intéressant de montrer la Corse sous les mêmes filtres.